Après des livres consacrés à la mélancolie chez Van Gogh, au désir chez Lacan et au pardon dans le couple ; après avoir tenté, même, une « psychopathologie de la vie politique italienne » ( Books, n° 49, p. 103), Massimo Recalcati, le psychanalyste le plus en vue de la Péninsule, s’intéresse à l’école.
Cette école contemporaine qui a cessé d’être le lieu principal de la formation des individus. « La culture est désormais filtrée et organisée ailleurs (à la télévision, sur Internet), écrit-il, et les élèves sont ainsi à la merci des illusions dont se nourrit le système capitaliste. » Passifs, les jeunes esprits se trouvent de son point de vue réduits au statut de simples « récipients » qui ingurgitent « des informations à outrance », jusqu’à atteindre « un état dans lequel plus rien n’a de sens », liton sur le site Affaritaliani. À cette déliquescence, Recalcati oppose « un mot étranger à la didactique : “érotisme” », rapporte Simonetta Fiori dans La Repubblica. L’objectif du psychanalyste, par cette métaphore, est d’inviter « à transformer celui qui écoute en sujet actif, à le faire passer d’“éromène” à “éraste”, du statut inerte de l’être aimé à celui participant de l’amant ». En ce sens, poursuit Fiori, « il n’y a guère de différence entre le professeur et l e psychanalyste, lequel “ne demande rien d’autre à son patient que de devenir luimême un analyste” ». S’il rejette tout rapport de sujétion (le vieux modèle « oedipien » de l’école autoritaire), l’auteur presse les enseignants de changer de méthode s’ils refusent de se satisfaire d’une école obsédée par « une vaine efficacité, une productivité concentrée sur des chiffres et des statistiques, et qui donne de la vie l’image qu’elle est une interminable course ». Pour cela, il leur faut « retrouver, à travers le désir, le moyen de réinventer pendant l’heure de cours leurs propres autorité et légitimité ».
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