vendredi 25 août 2017

Beauraing : aux limites du droit et de la psychiatrie


lAvenir

LUXEMBOURG
24 aout 2017
Un frère et une sœur répondent notamment du braquage d’un magasin de nuit. Des «cas» judiciaires. Et médicaux.
Il a 20 ans, il comparait détenu. Sa sœur de 19 ans se trouve à ses côtés, sur le banc des prévenus, au tribunal correctionnel de Dinant. Ensemble, les deux Beaurinois ont braqué un magasin de nuit dans leur ville, le 10 avril dernier. Il a menacé d’un couteau, elle s’est emparée de cigarettes, d’un casier de bière etc. Ces très jeunes prévenus ont l’air complètement paumés. Lui pleure à plus d’une reprise. Elle, s’énerve, au point de se balader plusieurs fois dans la salle d’audience, se parlant à elle-même.

La juge Matagne pourrait se fâcher, mais elle se rend compte que ça ne va pas très bien dans la tête de cette fratrie bizarre.
Le vol avec violence commis en avril 2017 à Wellin, par le frère, est expliqué par ce dernier de manière assez incompréhensible. On retiendra qu’il a frappé celui auquel il volait un scooter: «Je lui ai mis un coup de casque».
La sœurette, dans la liste des préventions, est concernée par des menaces à trois personnes, devant chez elle. Avec un couteau. Elle nie: «Ce sont eux, qui m’ont menacée avec un couteau, et avec un flingue».
À ajouter (pour le frère), le vol d’un ordinateur au CPAS de Beauraing. Et quelques autres larcins. Le parquet requiert 3 ans de prison à son encontre, 1 an pour sa sœur.
«Médicalisez ce dossier»
Clairement, le tribunal reste interloqué par la psychologie des deux Beaurinois. Il y a de quoi. Le garçon explique qu’il se drogue depuis l’âge de 12 ans. Qu’il s’est fait à un moment volontairement interner. On le considère comme «borderline». Son avocate, Me Somers, plaide qu’il a besoin de soins: «Il faut médicaliser ce dossier». Et de proposer des mesures probatoires à celui qui veut continuer à se soigner, à l’entendre.
Sa sœur comparaît sans conseil. Elle tente d’expliquer elle-même sa situation. Elle prend des médicaments tous les jours. Un le matin, «contre la schizophrénie», un autre le midi, «contre les crises d’épilepsie»«et encore d’autres». Oups.
La juge Matagne lui tend la perche. Elle aussi, souhaite des mesures probatoires, dont l’obligation de soins? La présidente lui explique en quoi cela consiste. Réponse de la prévenue: «Oui Madame». Commentaire de la juge: «Il ne faut par dire oui, et sortir en disant cause toujours».

Répétons-le, le tribunal se rend compte que les cas sont lourds. On est à la limite du droit et de la psychiatrie. Au point d’accepter l’attitude parfois provocatrice, dans le chef de la sœur. À laquelle son frère conseille de se calmer, à plusieurs reprises. Les deux semblent tenir l’un à l’autre. Une fois de plus, ambiance «cour des miracles» au palais de justice. Triste. Pathétique, même.

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