jeudi 20 juillet 2017

La peau sensible n’est pas un trouble psychologique

13/07/2017

La peau sensible, dont se plaint une proportion importante de la population dans tous les pays où elle a été étudiée, est souvent considérée comme un désagrément cosmétique, ou encore une affection psychosomatique ou psychiatrique. Plusieurs mécanismes ont été mis en avant pour expliquer l’hypersensibilité cutanée - un déficit de la fonction barrière, un excès de réactivité immunologique – mais qui n’ont pas été vraiment prouvés. En revanche, il semble que le système nerveux sensoriel périphérique soit en cause. Cette implication vient de la constatation que les personnes à peau sensible ont des signes sensitifs du type des douleurs neuropathiques. L’étude histologique des fibres nerveuses intra-épidermiques a montré des anomalies semblables à celles des neuropathies des petites fibres : diminution de la densité des fibres A delta et C, diminution de l’expression du neuropeptide CGRP (calcitonin gene-related peptide). Ces fibres contiennent des récepteurs TRP (transcient receptor potential), dont il existe plusieurs variétés, sensibles à de très nombreux stimuli comme les UV, le froid, le chaud, certains produits chimiques et même des polluants. Des travaux d’IRM fonctionnelle ont montré que les stimuli provoquant les sensations de la peau sensible augmentent l’activité de zones corticales définies. 
Des facteurs psychologiques peuvent amplifier les perceptions normales et aggraver les manifestations de la peau sensible, mais tous ces arguments indiquent que la peau sensible n’est pas un trouble psychologique, et ne doit pas être confondue avec les délires d’infestation parasitaire, où les patients ont des illusions de présence de parasites. En tout cas, le syndrome de peau sensible affecte la composante mentale des échelles de qualité de vie.
Ces travaux sur le mécanisme neurologique de la peau sensible devraient être appréciés des personnes concernées, soulagées de ne pas être classées parmi les malades psychiatriques ; ils devraient aussi avoir des conséquences thérapeutiques. Il faut toujours conseiller des mesures préventives concernant les conditions d’environnement et l’éviction des topiques irritants. En outre, on commence à développer des produits inhibant l’action des canaux TRP, dont le TRPV1, qui apparaît comme « le récepteur de la peau sensible ».
Dr Daniel Wallach
RÉFÉRENCE
Misery L : Neuropsychiatric factors in sensitive skin. Clin Dermatol 2017 ; 35 : 281-284.

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