mardi 27 juin 2017

Mieux accueillir les femmes dans l’espace public : le casse-tête des urbanistes et des chercheurs

Des événements récents dans certains quartiers de Paris et de sa banlieue ont mis en lumière un problème étudié depuis déjà des années, non sans difficultés.

LE MONDE  | Par 

Un groupe de jeunes filles utilise les reflets des vitres de la Bibliothèque nationale de France, à Partis, pour répéter des pas de danse.
Un groupe de jeunes filles utilise les reflets des vitres de la Bibliothèque nationale de France, à Partis, pour répéter des pas de danse. Antonin Sabot pour Le Monde

Des détritus qui jonchent le sol, des traces d’un liquide suspect qui colle à la semelle, des squares cadenassés, des terrains de basket verrouillés et une forte odeur d’urine qui s’immisce dans les narines. Un air de lendemain de fête plane place de la Chapelle à Paris en ce jour de juin. Pourtant, c’est une journée tout à fait ordinaire.

Saleté, pauvreté et promiscuité constituent dans ce quartier de la capitale un cocktail explosif, auquel s’ajoute une occupation des lieux très masculine, jugée par certaines femmes écrasante. 


C’est en partie ce qui a poussé des habitantes du quartier à publier, le 19 mai, une pétition dénonçant le harcèlement de rue. Aussitôt relayée par Le Parisien, l’initiative a suscité l’emballement dans la presse et sur les réseaux sociaux.

Après l’affaire de Cologne, en Allemagne, où des femmes avaient été agressées lors de la nuit du nouvel an 2015 et celle d’un café de Sevran prétendument interdit aux femmes, l’épisode de la Chapelle a relancé le débat sur la place des femmes et leur sécurité dans l’espace public. Depuis quelques années, des géographes, des urbanistes, des élus et des habitants réfléchissent à la manière d’aménager l’espace pour que les femmes s’y sentent plus à l’aise. Mais par quoi cela passe-t-il concrètement ?

A la Chapelle, « aucune réponse rapide n’est possible », tranche Chris Blache, ethno-sociologue et fondatrice de l’association Genre et ville.
« Il faut d’abord s’interroger sur les personnes qui passent par là, sur celles qui y vivent, sur ce trottoir de 1,50 mètre à la sortie du métro, sur ces personnes migrantes qui sont installées en dessous du pont. Il faut faire un travail sur la durée pour comprendre les réalités de tout le monde et pas seulement organiser une marche pour dire “ça pue, c’est mal rangé”. »



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