mardi 9 mai 2017

Influence du contexte social sur la santé mentale, au-delà des évidences

04/05/2017

Réalisée par des chercheurs des universités de Coimbra et de Lisbonne (Portugal), une méta-analyse examine la place des « déterminants sociaux » dans les problématiques concernant la santé mentale (troubles psychiatriques ou suicides), à travers 150 études publiées entre 2004 et 2014 dans la littérature spécialisée et collectées dans les bases de données PubMed et Web of Science. Pouvant émaner a priori de « n’importe quel pays » (à condition d’être rédigées en anglais, en français, en portugais ou en espagnol), ces publications proviennent surtout, en pratique, d’Amérique du Nord (67 études), d’Europe (39 études) ou d’Asie (18 études), les autres régions du monde ne contribuant que pour une faible proportion (par exemple, l’Afrique n’est représentée que par 5 études).

Les auteurs constatent que « la plupart de ces 150 études mentionnent des liens entre au moins un facteur d’ordre sociodémographique ou économique et la santé mentale. » Il existe toutefois une grande disparité entre ces travaux (méthodologies, populations étudiées, variables considérées, pathologies psychiatriques en cause…) qui ne permet de tirer que des enseignements « de portée générale. » Parmi les principaux facteurs montrant une « association indépendante statistiquement significative » avec une mauvaise santé mentale, certains déterminants (d’emblée envisageables) sont confirmés : un faible niveau socio-économique, le chômage, un manque de soutien social. Mais cette enquête révèle aussi le rôle d’autres facteurs, moins évidents a priori : un faible niveau d’éducation, l’appartenance au sexe féminin, ou « la discrimination perçue » par les intéressés. Dans 69 études sur 150 (soit 46 %), on observe des associations entre des facteurs régionaux et la santé mentale : « conditions socioéconomiques du quartier, environnement, problèmes de voisinage, composition ethnique. »
Dans la mesure où cette recherche illustre l’importance de tels facteurs sociaux dans le déclenchement et la persistance des maladies mentales, les auteurs estiment qu’elle souligne par conséquent « la nécessité d’une action politique et d’interventions efficaces pour améliorer les conditions de la vie quotidienne » et, in fine, la santé mentale des populations.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCES
Silva M et coll.: Social determinants of mental health: a review of the evidence. Eur. J Psychiatry, 2016; 30(4): 259–292.

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