vendredi 28 avril 2017

Trois syndicats de médecins libéraux appellent à voter contre le FN

Camille Roux
| 27.04.2017
La campagne pour le second tour bat son plein et, contrairement à l'habitude, les organisations syndicales sortent de leur silence. la présence d'une candidate FN n'y est bien sûr pas étranger. Sans pour autant donner de consigne de vote claire en faveur d'Emmanuel Macron, ni jamais citer nommément Marine Le Pen, MG France, les Généralistes-CSMF et la FMF appellent en effet leurs confrères et consœurs à voter contre Marine Le Pen. Le président de MG France Claude Leicher, qui conviait jeudi matin la presse afin de faire un premier bilan de cette campagne, alerte les généralistes : "Certains pensent que le second tour est joué, je pense que c'est une erreur". Visant le parti d'extrême droite, il ajoute : "les politiques d'exclusion ne sont pas compatibles avec les règles de déontologie. On ne peut pas exercer la médecine sans un certain nombre de règles éthiques".

Les Généralistes-CSMF se sont également prononcés sur le duel du 7 mai, évoquant à leur tour "l'éthique de médecin", pointant du doigt la politique que propose le FN, notamment en matière de santé : "Un des enjeux majeurs pour les médecins est de ne pas se trouver confronter demain au dilemme posé par une politique qui refuse l’accès aux soins à une partie de la population", dénonce le président Luc Duquesnel, faisant certainement référence à la suppression de l'AME qui figure dans le programme du FN.
Si MG France pense que rien n'est joué à un peu plus d'une semaine de l'échéance, la FMF, de son côté, part visiblement du principe que c'est gagné pour Macron et souhaite que l'issue du scrutin aille en ce sens, "même s’il faut rectifier son programme santé", précise le président Jean-Paul Hamon. Dans un communiqué intitulé "La médecine libérale "en marche" ?", il évoque déjà "un président" au masculin et l'interpelle sur sa future ligne politique en matière de santé. Le syndicat dit se féliciter "qu'à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle on s’éloigne du dogmatisme qui a présidé la politique de ces quatre dernières années". La FMF dit elle aussi "Non" à un gouvernement d'extrême droite.
Chez les médecins lobéraux, seul le SML ne souhaite pas s'exprimer sur le sujet, estimant que ce n'est pas du rôle d'un syndicat de prendre position pour un candidat. En tout cas, les médecins ne semblent guère conquis par la candidate FN: notre sondage publié fin mars sur legeneraliste.fr donnait Emmanuel Macron largement gagnant chez les généralistes (79,8 %) si second tour Le Pen - Macron il y avait. Marine Le Pen obtenait de son côté tout de même 20,2 % des intentions de vote. Beaucoup moins que ce qui se profile en population générale.
Les initiatives prises par les syndicats de médecins libéraux ne sont pas isolées. Neuf dirigeants des principaux organismes publics de recherche -dont Alain Fuchs, président du CNRS et Yves Lévy, PDG de l'Inserm- ont en effet appelé jeudi "à voter contre" Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, son programme étant, selon eux, "porteur de régression et de déclin sur tous les plans". "Sur d’innombrables sujets, les migrations, la santé, l’environnement et jusqu’à l’histoire de notre pays, les idées véhiculées par le Front National sont en contradiction ouverte avec les évidences indiscutables établies par la recherche et avec la nécessaire autonomie de la communauté scientifique", écrivent-ils dans cet "appel".

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