samedi 8 avril 2017

L'Union syndicale de la psychiatrie milite pour renforcer les contre-pouvoirs au directeur d'hôpital



À l'issue de son congrès annuel qui s'est tenu du 24 au 26 mars, l'Union syndicale de la psychiatrie (USP) a notamment adopté une motion relative à la gouvernance hospitalière. "Alors que la place du directeur de l'hôpital est de plus en plus prépondérante avec une préoccupation essentiellement budgétaire de l'administration hospitalière, il est important de renforcer les contre-pouvoirs en redynamisant les instances", estime le syndicat. Il plaide donc pour un "avis délibératif de l'ensemble des instances systématiquement requis", citant la commission technique d'établissement (CTE), le comité d'hygiène et de sécurité des conditions de travail (CHSCT), le conseil de surveillance, le directoire, la commission des soins et la commission médicale d'établissement (CME). Pour cette dernière, l'USP estime qu'il faut "exiger son avis" et non pas seulement celui du président.


L'USP estime également que dans l'organisation actuelle des pôles, il faut "évaluer la démocratie avec l'autonomie dans l'élaboration des projets et en psychiatrie le respect de la politique de secteur" et donner par ailleurs "de vraies responsabilités aux représentants des usagers". Il recommande aussi de mettre en place et renforcer les commissions paritaires régionales créées pour la concertation sur l'organisation des soins et instance de médiation dans les conflits. "C'est par respect de la personne et de son métier plutôt que par les traitements des risques psychosociaux et des fiches d’événements indésirables que la souffrance au travail pourra être prévenue", souligne-t-il, rappelant "le caractère fondamental de la continuité des soins et du temps qui leur est consacré en particulier en psychiatrie". Ces éléments lui "paraissent indispensables pour renforcer l'attractivité de la fonction soignante".

Dans son rapport moral, le syndicat réitère par ailleurs sa forte opposition aux groupements hospitaliers de territoire (GHT, lire notre article). La "réduction de l'offre de soins" que préfigure la mise en place des GHT, écrit l'USP, "apparaît catastrophique pour la santé, et plus encore pour la psychiatrie, définitivement (?) rejetée dans le champ MCO alors qu'elle a toujours été le parent pauvre des disciplines médicales". Et l'instauration des communautés psychiatriques de territoires (CPT) "ne vient pas non plus rassurer" l'USP. Car, en plus de vouloir "fédérer les acteurs de soins psychiatriques ([c'est-à-dire] là encore, en réduire le nombre), cet avatar des GHT se propose, au nom du dogmatique "parcours de soin", d'inscrire les patients dans des "filières" qui risquent de ne respecter ni la diversité des approches thérapeutiques ni la singularité des sujets". Et de considérer que "le récent débat sur l'isolement et la contention, dans lequel l'USP a pris une part active afin d'éviter que le législateur érige ces procédures techniques au rang de méthodes thérapeutiques, constitue sans nul doute l'illustration de ce qui [...] attend" la psychiatrie.
Caroline Cordier

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