mardi 28 mars 2017

Une journée ordinaire à l'hôpital

Les Echos  SOLVEIG GODELUCK

Réforme du temps de travail, restrictions budgétaires, accélération des cadences : ce service public plébiscité par les Français souffre en silence.


Onze heures, c'est la tournée du chirurgien. Une grappe de jeunes gens en blouse blanche, visiblement heureux de participer à ce moment fort de la matinée, s'agglutine autour du chariot connecté et du médecin en visite. Une interne très pro résume en cinq secondes la situation clinique, devant la porte fermée du malade. Puis la petite troupe s'avance et l'auscultation peut commencer. C'est le tour du deuxième interne de montrer ce qu'il a appris, se servant de la lampe torche de son téléphone pour éclairer une plaie. En un clin d'oeil, au signal du chirurgien, la volée de blouses blanches s'envole vers la chambre suivante. Il faut faire tout l'étage.
A quelques mètres de là, un vieux monsieur, un peu perdu, doit se faire opérer ce matin. Son fils vient de découvrir la suite : une dialyse pour le restant de ses jours. En colère, il a fait le bagage de son père ; il va le sauver de cet enfer. Coralie, la frêle infirmière aux bras tatoués, et les aides-soignantes ne parviennent pas à le raisonner. Elles vont chercher Vincent, qui est l'interne du service pour six mois, autrement dit l'unique médecin sur place. C'est un jeune homme de vingt-six ans, aux yeux doux et qui ne dit jamais un mot plus haut que les autres. Il parle avec l'autorité du savoir. Cinq minutes plus tard, on entend rouler les gros sanglots du fils. C'est fini. Une main secourable referme la porte sur ce drame familial.

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