vendredi 3 mars 2017

Troubles bipolaires, revoilà le bleu de méthylène !

 22/02/2017


Vu la persistance de troubles résiduels chez les sujets bipolaires, même après traitement des épisodes dépressifs ou maniaques, il existe, explique The British Journal of Psychiatry, « un besoin de mieux traiter ces symptômes résiduels » incitant notamment à réexaminer l’intérêt thérapeutique de produits déjà expérimentés dans le passé, mais qui s’étaient effacés devant l’essor de médicaments plus puissants comme les antidépresseurs.
Parmi ces adjuvants possibles de traitements plus orthodoxes contre la maladie bipolaire, figure ainsi une substance bien connue comme indicateur coloré des réactions d’oxydo-réduction, le fameux bleu de méthylène (chlorure de méthylthioninium)[1]. On présume que l’efficacité de ce produit (déjà testé voilà une trentaines d’années contre les troubles bipolaires)[2] tiendrait à son rôle catalytique dans le métabolisme d’un oligo-élément, le vanadium, lui-même impliqué dans celui de la « pompe » sodium-potassium (Na+-K+ ATPase)[3] : alors que « des concentrations élevées de vanadium inhibent le fonctionnement de cette pompe » Na+-K+ ATPase, le bleu de méthylène peut « catalyser la conversion du vanadate en vanadyle moins actif. »

Menée sur deux sites universitaires du Canada (Halifax, en  Nouvelle-Écosse, et Hamilton, en Ontario), une étude croisée en double insu portant sur 37 participants confirme l’efficacité du bleu de méthylène contre les troubles résiduels de la maladie bipolaire. Plus précisément, ce produit « améliore de façon significative » les symptômes de dépression repérés sur les échelles dédiées (Montgomery- Åsberg[4] et Hamilton[5]), mais paraît inactif contre les troubles maniaques et contre les signes de dégradations cognitives, consécutives aux troubles bipolaires.
Cette étude montre que la quête de traitements adjuvants ne se résume pas aux nouvelles molécules, mais confirme la possibilité d’obtenir parfois « du neuf avec du vieux. » Une validation d’un concept en forme d’oxymoron, donc a priori paradoxal, celui de « rétro-innovation. »
[2] Naylor GJ, Smith AH, Connelly P.: A controlled trial of methylene blue in severe depressive illness. Biol Psychiatry 1987; 22: 657–9. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/3555627

Dr Alain Cohen

RÉFÉRENCE
Alda M et coll.: Methylene blue treatment for residual symptoms of bipolar disorder: randomised crossover study. Br J Psychiatry, 2017 ; 210 : 54–60.

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