lundi 13 février 2017

Au Japon, un plan d’action contre « la mort par surmenage »

LE MONDE  | Par 
Au Parc d’Ueno, à Tokyo. Photo extraite de « The Salaryman Project », documentaire de Bruno Quinquet sur le quotidien de l’employé de bureau japonais.


Face au surmenage, le gouvernement japonais a une solution : le shopping. Désormais, le dernier vendredi de chaque mois, les salariés sont invités à quitter leur bureau à 15 heures pour aller, notamment, faire les boutiques et soutenir l’économie. C’est Premium Friday – le premier aura lieu le 24 février. Les entreprises appuient l’initiative. « Nous voulons infléchir la tendance au surmenage, a déclaré, le 30 janvier, le premier ministre, Shinzo Abe. En agissant ainsi, nous souhaitons aider les travailleurs à mieux vivre leur vie. » Tous les moyens sont bons pour tenter de changer les mentalités dans un pays où se tuer à la tâche n’est pas qu’une expression. Au Japon, les suicides liés à l’épuisement sont un problème de santé publique. La « mort par surmenage » a même un nom : le karoshi.

Les mœurs seraient-elles en train d’évoluer ? Dans les entre­prises, certains patrons passent éteindre les lumières dans les bureaux à 22 heures. Chez Saint-Works, société du secteur de la santé, les employés qui travaillent trop doivent revêtir un « manteau de la honte ». Yahoo! Japon réfléchit même à la semaine de quatre jours pour réduire les coûts et tirer le meilleur du personnel.


Limiter à 60 le nombre d’heures supplémentaires par mois


En 2016, le gouvernement a mis en place une commission sur la ­culture d’entreprise, qui propose de limiter à 60 le nombre d’heures supplémentaires par mois… sauf en période d’activité soutenue, où ce chiffre monterait à 100 heures. Inacceptable, juge l’opposition. Renho Murata, la dirigeante du Parti démocrate, a rappelé que 100 heures supplémentaires par mois revenait à travailler jusqu’à 23 heures chaque jour de la semaine. Une telle dérogation équivaudrait à « justifier un niveau de surmenage accroissant le risque de karoshi ». Son parti milite pour une durée de repos obligatoire de onze heures entre deux ­périodes de travail, comme en Europe.





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