lundi 9 janvier 2017

Thé, cacao, café : des alicaments en psychiatrie ?

10/01/2017

La prévalence des maladies mentales est en augmentation dans le monde entier, ce qui justifie d’intensifier les recherches en psychiatrie, en vue d’une « meilleure détection, d’une prévention fondée sur l’amélioration du mode de vie et de l’alimentation, et d’une efficacité accrue des traitements. » Dans une publication avancée en ligne, des chercheurs exerçant à Madrid (Espagne) et à Padoue (Italie) rappellent l’accumulation d’indices suggérant un « effet protecteur » du régime alimentaire et de l’exercice physique sur le développement neuronal et sur certaines affections neuropsychiatriques. En particulier, trois produits de consommation courante, le cacao, le thé et le café sont « activement étudiés, en raison de leur richesse en composés polyphénoliques[1] susceptibles de « moduler la santé mentale, à savoir la plasticité du cerveau, le comportement, l’humeur, la dépression et la cognition. »

Peut-être un effet protecteur contre la dépression

En exploitant (via la base de données MEDLINE) la littérature médicale des dix dernières années, les auteurs ont retenu 17 articles (sélectionnés parmi 955) relatifs à des études sur l’utilisation humaine de ces trois aliments (ou de leurs composants). Cette recherche confirme que « la consommation de thé, de cacao ou de café pourrait avoir des effets protecteurs contre la dépression. » Mais, estiment les auteurs, même si ces résultats sont « encourageants », il faut insister sur le fait que la « quasi-totalité » des éléments de preuve actuels à l’appui de cette thèse restent de nature empirique, puisqu’ils découlent d’« études observationnelles » (n’entraînant pas de modification dans la prise en charge des patients, par opposition aux études épidémiologiques interventionnelles où l’on s’efforce au contraire de contrôler le phénomène évalué).
Avant d’ériger ces aliments (ou d’autres) en authentiques « alicaments », à la charnière entre la bromatologie (science des aliments) et la pharmacologie, et de les recommander à ce titre à l’usage du public, plusieurs « essais ad hoc sur l’homme et des études fondamentales » sont encore nécessaires.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
García-Blanco T et coll. : Tea, cocoa, coffee, and affective disorders: vicious or virtuous cycle?. Journal of Affective Disorders 2016) ; publication avancée en ligne : doi.org/10.1016/j.jad.2016.11.033

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