mercredi 11 janvier 2017

Réduction des risques en prison : l'introduction de seringues passe mal auprès des surveillants

Coline Garré
| 11.01.2017


SERINGUE

Un projet de décret prévoyant l'introduction en prison de seringues – dans le cadre d'une politique de réduction des risques – inquiète les syndicats de surveillants.
Ce texte, en préparation, qui devrait être cosigné par les ministres de la Santé et de la Justice, découle de la loi Santé de janvier 2016, et en particulier de l'article 41 qui rénove la politique de réduction des risques destinée aux usagers de drogue et précise qu'elle s'applique aux personnes détenues.
Le texte du décret prévoit selon l'AFP que « des matériels et outils », c'est-à-dire potentiellement des seringues, « ne peuvent être distribués, utilisés ou détenus que dans les locaux sanitaires de l'établissement ». Il prévoit aussi, « par dérogation », l'utilisation de ces outils en cellule, à des conditions strictes : si le détenu est « en cellule individuelle dans un établissement où le taux d'occupation est inférieur ou égal à 100 % » et sous réserve de l'autorisation du chef d'établissement, en accord avec un représentant de l'unité sanitaire.

Actuellement, les détenus toxicomanes ont accès à des drogues dites de substitution (Subutex, méthadone) administrées par voie orale. L'introduction de seringues suppose que les détenus puissent venir à l'infirmerie avec des drogues injectables.
Pour la chancellerie, le décret en préparation « vise à réduire les risques d'infection en détention, en application de la loi ». « On n'introduit aucune nouvelle substance en détention, on ne fait que mettre à disposition des outils, de façon très encadrée », a-t-on insisté.
Intérêt sanitaire vs menace sécuritaire
Ce projet n'est pas du goût des syndicats de surveillants, qui y voient des risques sécuritaires. « C'est un dispositif immoral et dangereux », a déclaré Jean-François Forget, secrétaire général de l'UFAP-UNSA Justice, principal syndicat de surveillants, qui craint qu'une seringue en prison ne devienne une « arme potentielle ». Même refus de la part de FO-Pénitentiaire, qui parle de « salle de shoot ».
Plus nuancé, Christopher Dorangeville, de la CGT-Pénitentaire, salue une « indubitable avancée sanitaire » en prison où « la drogue circule », mais s'inquiète de « garde-fous insuffisants face à l'arrivée des seringues jusque dans les cellules ».

Le porte-parole de François Fillon et député de Boulogne-Billancourt, Thierry Solère, a repris à son compte ces réticences, et dénoncé « une mise en danger des personnels pénitentiaires et même des détenus ». 

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