samedi 10 décembre 2016

SYGNE Revue de Psychanalyse en ligne

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 N 1/2016


SYGNE : …signe que non
L’énigmatique négation qui signe la tragédie moderne, ce tic qui aux yeux de beaucoup défigure et rend méconnaissable le sujet, il revient à l’éthique de la psychanalyse de continuer à le supposer signifiant. Dans cette optique, le CIAP a choisi le nom de Sygne, une manière pour notre groupe, non pas de rendre hommage à son vain sacrifice au nom du Père, mais au contraire de reconnaître sa valeur d’otage dans la tragédie généralisée du Verbe. Fidèles à la filiation freudo-lacanienne et à l’orientation du CIAP, les pages numériques de la revue SYGNE seront dédiées au renouvellement de l’analyse du malaise dans la culture et de ses formes variables d’expressions. Signe que non, nunca es triste la verdad lo que no tiene es remedio….


Eloge de l’hérésie

Par Anne Dufourmantelle, Philosophe et psychanalyste 
Portrait de l'ecrivain, philosophe et hypnotherapeute Francois Roustang, en 2003. Portrait de l'ecrivain, philosophe et hypnotherapeute Francois Roustang, en 2003. ©DRFP/Leemage

Evocation du psychiatre écrivain Jean Delay et de l’hypnothérapeute François Roustang, qui défendirent une liberté de penser dont le monde «psy» manque cruellement aujourd’hui.

Je voudrais parler de deux grandes figures disparues, l’une très récemment, il s’agit du grand psychanalyste et maître de l’hypnose en France, François Roustang, et l’autre figure qu’une publication récente a remis à l’honneur : le professeur Jean Delay. A première vue, tout les oppose, mais, en réalité, tous deux défendirent une liberté de penser et d’agir dont il serait utile, en ces temps d’indigence psychiatrique, de se souvenir et qu’il serait urgent de réactualiser.
Jean Delay fut psychiatre, écrivain, mais aussi voyageur, observateur inlassable de son temps et un amoureux du Pays basque et de l’Espagne. Il a appartenu doublement à l’Académie française et à l’Académie de médecine. Il a, entre autres, découvert les neuroleptiques avec son équipe de l’hôpital Sainte-Anne, et a jeté les bases de deux genres : la psychobiographie avec la Jeunesse d’André Gide, et la sociobiologie avec son livre Avant mémoire. Sur son épée d’académicien figure, entre autres symboles, le dieu Janus bifrons qui a le don de voir le passé comme l’avenir. Les éditions Des Cendres ont eu la belle idée de republier ses chroniques Un médecin devant son temps ainsi qu’un livre d’hommage Jean Delay, psychiatre et écrivain (1907-1987). Il apparaît à la lecture absolument réjouissante des premières chroniques, que là où l’on s’attend à une docte élaboration sur les avantages et inconvénients des neuroleptiques, on trouve un esprit libre qui parle du LSD et autres substances en faisant l’éloge de l’exploration mentale qu’ils permettent (on est à l’époque de Michaux, de Jünger et peu avant Castaneda). Sa clairvoyance s’affirme dans ce qu’il redoute : l’usage simplement normateur qui pourrait être fait des psychotropes pour réduire au silence les patients ou leur faire avouer leurs délits. L’époque lui a donné raison, hélas. Les neuroleptiques sont utilisés en camisoles chimiques, réduisant au silence les asiles. On en gave une population déjà surmédicamentée pour lui faire passer dans le sommeil une envie de vivre, une difficulté d’être à laquelle la société ne peut plus répondre. Il y a aussi de belles pages sur l’esprit du temps, parfois d’une ironie féroce. Il est flagrant qu’est révolue la solidarité possible entre poètes, médecins, explorateurs, peintres dont témoignent ces textes : la spécialisation est le fait des sociétés frileuses.
A croire qu’il n’y a de grands psychanalystes qu’hérétiques. En cela, ils suivent l’exemple du fondateur de la discipline car Freud a mis au point une pratique et une théorie qui contrevenaient aux usages de l’Autriche, et même à ceux du monde de son temps. François Roustang, qui vient de disparaître, était de ces esprits rares parce qu’à la fois audacieux, libres et discrets, et parce qu’ils inventent le domaine de leur pratique.

Les nombreux problèmes de santé des femmes en grande précarité

10.12.2016
"Les femmes ne sont pas des hommes comme les autres", explique le Dr Bernard Guillon. Président de l'Association pour le développement de la santé des femmes (ADSF), il a présenté un baromètre de la santé des femmes en précarité, qui en dit long sur la situation sanitaire de cette population. Cette étude, menée à l'occasion des 15 ans de l'association, est le résultat de deux années de "maraudes" dans les bidonvilles, squat, hôtels sociaux et dans les rues de Paris et sa banlieue, à la rencontre de femmes en grande précarité, confrontées à des problèmes de santé. Ces derniers sont principalement liés à des grossesses ou d'ordre gynécologique (fausses couches, fibromes…). En 2015, 70% des femmes enceintes suivies par l'association, n'avaient pas vu de médecin. Par ailleurs, 43 % de ces femmes sont sans contraception, le travail de sensibilisation représente donc aussi une part importante du travail des bénévoles. 

Drogue au travail : le Conseil d’Etat autorise les tests salivaires, sous conditions

Le règlement intérieur de la société Sud Travaux introduit des contrôles aléatoires pour les postes « hypersensibles ».
LE MONDE  | Par Anne Rodier
Le Conseil d’Etat a tranché : un employeur peut intégrer dans son règlement intérieur un contrôle de consommation de drogue de ses salariés. Sous conditions cependant. Dans une décision de lundi 5 décembre, communiquée par l’AFP vendredi 9, il a annulé l’arrêt de la cour administrative de Marseille du 21 août 2015, aboutissement d’une série de procédures ouvertes en 2012 par l’inspection du travail contre Sud Travaux.
L’inspecteur du Gard avait rejeté le projet de règlement intérieur de cette société de bâtiment, réclamant le retrait de deux points litigieux : des tests salivaires « pratiqués par un supérieur hiérarchique » et que « dans l’hypothèse d’un résultat positif, le salarié [puisse] faire l’objet d’une sanction disciplinaire pouvant aller jusqu’au licenciement ».
Sur le premier point, le Conseil d’Etat a rappelé qu’« aucune règle ni aucun principe ne réservent le recueil d’un échantillon de salive à une profession médicale ». Un supérieur hiérarchique est donc en droit de réaliser de tels tests. Le second point pose la question de la liberté du salarié. Le code du travail stipule que « nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché ». Cette double condition n’est pas négociable. « Le rappel habituel de la Chambre sociale, souvent permissive en ce domaine, est qu’“un motif tiré de la vie personnelle du salarié ne peut justifier un licenciement disciplinaire que s’il constitue un manquement de l’intéressé à une obligation découlant de son contrat de travail” » affirme Jean-Emmanuel Ray, professeur à l’Ecole de droit de Paris-I-Panthéon-Sorbonne.

vendredi 9 décembre 2016

Découverte française de nouvelles molécules aussi efficaces que la morphine sans les effets indésirables

10.12.2016



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VOISIN/PHANIE


L’opiorphine et une forme stabilisée de celle-ci baptisée STR-324seraient deux antalgiques puissants aussi efficaces que la morphine sur les douleurs post-opératoires mais sans les effets  secondaires les plus redoutés de cette dernière tels que les problèmes cardio-respiratoires.
Cette découverte a été faite chez l’animal et les  travaux ont été publiés dans la revue Anesthesiology de novembre dernier par des chercheurs de Gustave Roussy, de l’Inserm, de l’Université Paris-Sud, de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (Hôpital Bicêtre) et de l’Institut Pasteur.

Charleville : le mal-être des infirmiers de l'hôpital Manchester face à la loi sur le don d'organes

L'Union  Arlyne Jeannot  9 Décembre 2016

Charleville-Mézières La nouvelle loi sur le don d’organes dérange les infirmiers de réanimation de l’hôpital Manchester chargés du prélèvement d’organes sur des patients en mort cérébrale.

Bruno Suan et Christine Marcoux, infirmiers, montrent le vitalpack soit le matériel qui sert à transporter les organes donnés.
Bruno Suan et Christine Marcoux, infirmiers, montrent le vitalpack soit le matériel qui sert à transporter les organes donnés.
Moi, cela me donne la boule au ventre  », livre Christine Marcoux, infirmière coordinatrice chargée du prélèvement d’organes et de tissus à l’hôpital Manchester de Charleville-Mézières. L‘infirmière parle des nouvelles dispositions légales sur cette question qui entreront en vigueur au 1 er  janvier 2017. Depuis 1978, on est présumé consentant pour donner cœur, foie, poumon, rein, pancréas ou intestin si on n’a pas exprimé de refus de son vivant. Les nouvelles dispositions légales obligent que le « non » soit écrit, avant l’oral suffisait. Il reste encore une solution. En effet, si l’an prochain, un de vos proches se trouve en état de mort cérébrale en réanimation à l’hôpital Manchester, par exemple, il vous est possible de vous y opposer par écrit à sa place s’il ne l’avait pas fait.

Psychiatrie Des recos pour les dépressions résistantes

09.12.2016
Nouvelles recommandations pour les dépressions résistantes, pistes pharmacologiques du sevrage cocaïnique, dernières prises en charge des insomnies chroniques, le Congrès français de psychiatrie a donné un coup de projecteur sur une spécialité qui bouge.

Quel statut pour le lait maternel ?

On peut l’envisager comme un aliment, un médicament, un produit du corps humain... Un choix qui n’est pas sans implication juridique, rappelle la chercheuse Mathilde Cohen.
LE MONDE IDEES | Par Anne Chemin

Virginia Escudero Milla

Nous savons ce qu’est le lait ­maternel, mais s’il fallait ­définir son statut, nous ­serions bien ­embarrassés. Est-ce un aliment ­réservé aux nourrissons, comme on le pense spontanément ? Une substance dont les qualités thérapeutiques ont été vantées tant par Hippocrate que par Diderot, qui le classait parmi les « aliments médicamenteux ordonnés aux adultes dans certains cas » ? Un produit du corps humain, comme le sang et le sperme, qui doit être collecté par des établissements spécialisés ? Ou une forme de communication qui crée de quasi-liens de parenté – jadis, les frères ou les sœurs de lait n’avaient pas le droit de se marier ?

PSYCHIATRIE La reconnaissance du discernement altéré entraîne souvent des peines plus lourdes

Le traitement pénal des délinquants ayant des troubles psychiques ou mentaux était au cœur de la neuvième journée psychiatrie et justice, ce 6 décembre à Lille. Loin d'être une circonstance atténuante, l'altération ou l'abolition du discernement des prévenus semble entraîner un durcissement des peines prononcées.

Monsieur le député Daniel Fasquelle ...


 Luisant le 5 décembre 2016

Monsieur le député Daniel Fasquelle,

Votre dernière initiative dans le domaine de l’autisme a retenu toute l’attention du vieux pédopsychiatre que je suis.
Voilà une clarification formidable. Le législateur que vous êtes sait ce qu’il faut faire.
Bravo !

La HAS avait en effet jusqu’à maintenant la désagréable habitude de se contenter de recommandations qu’elle définissait comme « des propositions développées méthodiquement pour aider le praticien et le patient à rechercher les soins les plus appropriés dans les circonstances cliniques données » Mais désormais, puisque vous savez, il est bien naturel que vous imposiez. Quelles merveilleuses économies d’énergie vous allez permettre à tous niveaux !

Les praticiens n’auront plus à penser et votre mesure va contribuer à rééquilibrer les comptes de la sécurité sociale, tant il est vrai qu’un médecin qui pense risque de dépenser.
Plus besoin pour les familles de consulter : la lecture des débats de l’Assemblée Nationale
leur suffira.

Pour les praticiens et leurs équipes plus besoin de se tenir informés des résultats des recherches d’autant que ces résultats ont la fâcheuse habitude de déboucher sur de nouvelles incertitudes. Et d’ailleurs plus besoin de recherches et de questionnements puisque vous connaissez LA Solution.

Maintenant que, grâce à vous, les personnes autistes vont enfin être bien accompagnés je me permets, monsieur le député d’attirer votre attention sur un autre problème de santé publique qui mériterait d’être examiné d’urgence par la représentation nationale et traité avec le talent que vous avez su déployer dans le domaine de l’autisme.

Je veux parler des effets déplorables de la loi de la pesanteur.
Savez-vous que tous les bébés de notre pays mettent plusieurs mois, presqu’une année parfois, pour pouvoir se tenir debout tant cette loi pèse sur leur musculature immature. Avez-vous songé aux adolescents et jeunes adultes en deux roues qui deviennent handicapés en conséquence de l’application de cette loi sur route mouillée ? 

Et les personnes suicidaires qui se pendent ou se défenestrent et meurent, du fait de cette funeste loi, les entrainants sous leur poids ? Et les vieillards qui chutent et se brisent les os et les alpinistes qui dévissent ou les avions qui se crashent.

Notre pays subit chaque jour les inconvénients de la loi de la pesanteur sans qu’aucun législateur ne se décide à aborder ce grave problème.


Il est temps monsieur le député de mettre votre bon sens et votre dynamisme au service de cette grande cause : faites abolir la loi de la pesanteur comme vous avez su résoudre l’énigme de l’autisme.


Veuillez accepter, monsieur l’Honorable Parlementaire la considération que je vous dois.


Docteur Jacques Constant 

Les députés refusent de trancher en matière d'expertise scientifique sur l'autisme

En n'adoptant pas, ce 8 décembre, la proposition de résolution portée par Daniel Fasquelle, les députés ont mis provisoirement fin à la polémique concernant les pratiques psychanalytiques dans la prise en charge de l'autisme. Pendant les débats, les propos échangés ont été plutôt sévères.
Annoncés pour janvier prochain, les travaux de concertations concernant le quatrième plan Autisme pourraient avoir quelques difficultés à se dérouler dans un climat apaisé. La séance parlementaire consacrée le 8 décembre à l'examen de la proposition de résolution, invitant le Gouvernement à promouvoir une prise en charge de l'autisme basée sur les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), s'est en effet déroulée dans un climat plutôt perturbé. Les députés, sans surprise, n'ont pas adopté ce texte à une très large majorité.

Les travailleurs sociaux de la ville de Paris manifestent face au manque de solutions pour les précaires

200 fonctionnaires ont débrayé jeudi pour dire leur ras-le-bol et leur épuisement. Une mobilisation inhabituelle.
LE MONDE
« Travail social en danger », « assistants sociaux en colère »« Dominique [Versini, adjointe à la maire de Paris chargée de l’action sociale], écoute la détresse des Parisiens ! » Tels étaient les slogans scandés par quelque 200 travailleurs sociaux de la ville de Paris, qui débrayaient jeudi 8 décembre à l’appel de six syndicats unis pour l’occasion.
La mobilisation est exceptionnelle pour ces 1 000 fonctionnaires peu syndiqués et peu habitués à faire grève, tant ils répugnent à pénaliser les plus précaires qu’ils sont chargés d’aider.
Ces soldats du social, en première ligne sur le front de la pauvreté qui s’aggrave, étaient venus témoigner leur ras-le-bol devant la charge de travail qui s’alourdit avec un public de plus en plus nombreux et en grande difficulté sans que les effectifs suivent. Les absences et les temps partiels nombreux dans cette profession jeune et féminine ne sont pas remplacés et retombent sur les collègues.
Ils ou plutôt elles – la profession compte 90 % de femmes – sont aussi venus dire leur épuisement, voire leur écœurement devant un travail « qui n’a plus de sens tant on a peu de solutions à proposer. On n’a pas de places d’hébergement, le 115 ne répond plus. C’est extrêmement violent d’annoncer à une famille qu’elle va dormir cette nuit dehors, témoigne Severine Parrot, déléguée FSU. Parfois, on fait les permanences la boule au ventre. »
« C’est un flux continu de réfugiés, de migrants. On accueille mal les gens, on n’a rien à proposer », renchérit un agent d’accueil à la permanence des sans-abri, qui préfère comme la plupart garder l’anonymat. « Moi je me demande pourquoi je fais ce boulot, d’ailleurs les familles nous le disent : vous parlez, mais à quoi servez-vous ? », confirme une assistante sociale dans le 20e arrondissement.

Critique du respect des droits en psychiatrie

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CANADA
MONTRÉAL — Un groupe qui vient en aide aux personnes qui éprouvent des problèmes de santé mentale déplore le fait que les autorités aient plus recours qu’avant aux gardes en établissement depuis une dizaine d’années.
«Action autonomie» déplore également le fait que la situation varie d’un établissement hospitalier à l’autre dans la région de Montréal.
L’organisme a présenté les résultats de sa recherche, jeudi, au cours d’une rencontre avec la presse à Montréal, tant pour ce qui est des gardes préventives que des gardes provisoires et autorisées par le tribunal lorsqu’une personne représente un danger pour elle-même ou pour autrui.
Jean-François Plouffe, chargé des communications pour «Action autonomie», estime que les droits des personnes ayant des problèmes de santé mentale sont souvent bafoués, qu’elles ne sont pas toujours écoutées et correctement informées de leurs droits.

Le rite et le couvert

D’innombrables règles régissent notre rapport à la nourriture. Comment nous sont-elles inculquées, comment évoluent-elles ? Regards croisés de chercheurs.
LE MONDE IDEES  | Par Anne Chemin
Photographie tirée de la série « La table de l’ordinaire ».
Photographie tirée de la série « La table de l’ordinaire ». Stéphanie Lacombe/Picturetank
Trois fois par jour, nous nous plions sans même y penser à des rituels extrêmement codifiés autour de la nourriture. Que nous habitions à la mer ou à la campagne, que nous soyons ouvrier ou cadre, que nous ayons 15 ans ou un âge avancé, nous passons à table dans un bel ensemble, nous mangeons toujours les plats dans le même ordre, nous distinguons sans hésiter un menu ordinaire d’un dîner de fête.

Cancale déploie son « énergie hospitalière » pour les exilés

Un collectif de bénévoles, actifs et discrets, s’attache à accompagner les migrants en provenance de la « jungle » de Calais et de passage dans le centre d’accueil et d’orientation du petit port breton.
LE MONDE  | Par Anne Guillard
Des demandeurs d'asile soudanais prennent un cours de français dispensé par des citoyens bénévoles, le 1er décembre 2016, dans une salle de la mairie de Cancale.
Des demandeurs d'asile soudanais prennent un cours de français dispensé par des citoyens bénévoles, le 1er décembre 2016, dans une salle de la mairie de Cancale. OLIVIER LABAN-MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"
Ici, à Cancale (Ille-et-Vilaine), il y a la structure officielle. Le centre d’accueil et d’orientation (CAO) a, depuis fin octobre, pris en charge une cinquantaine de Soudanais, issus de la « jungle » de Calais, et constitue un lieu important afin de « permettre aux personnes migrantes sans abri de bénéficier d’un temps de répit et d’engager, si elles le souhaitent, une démarche de demande d’asile », comme l’indiquait un communiqué du ministère du logement, publié début août.
Mais il y a aussi ces « énergies hospitalières », comme les qualifie l’anthropologue Michel Agier. Tout aussi essentielles pour la reconstruction de ces hommes, à travers la solidarité de proximité qu’elles leur procurent. Et, sur ce point, à Cancale, on s’est mobilisé. Avec foi et discrétion. Depuis leur départ de la « jungle », outre les tâches quotidiennes dont ils s’acquittent au CAO, les exilés – pour ceux qui le souhaitent – se voient proposer des activités par un collectif d’habitants, en plus de celles offertes par des associations pérennes, comme Le Secours catholique ou La Main tendue.
Six jours sur sept, dans une salle municipale, se tiennent ainsi des cours d’alphabétisation et d’apprentissage du français d’une durée d’une heure. Pour y assister, les migrants se sont constitués en groupes de dix, assidus, conscients d’« être gâtés »« Ils sont demandeurs, très impliqués », dit Bénédicte, l’une des bénévoles, dont la préoccupation est qu’ils se débrouillent dans la vie quotidienne, « faisant au mieux » avec les disparités de niveaux et les problèmes de phonétique rencontrés par des arabophones dans la pratique du français.
« On devine la dureté de ce qu’ils ont vécu. Ils sont très chaleureux », relèveLydia, qui raconte qu’après avoir pris connaissance de leur arrivée dans la presse locale, elle a « eu envie de donner un coup de main, de faire quelque chose à côté de chez » elle. Un engagement qu’elle ne regrette pas.En témoignent, jeudi 1er décembre, ces exilés qui, sur le chemin du retour au CAO, répètent en souriant les phrases « J’ai bien travaillé » et « Qu’est-ce que tu veux ? »,apprises un peu plus tôt.