lundi 19 décembre 2016

L'Ordre des sages-femmes publie son livre blanc et formule 12 propositions pour la santé des femmes



Le Conseil national de l'ordre des sages-femmes a publié ce 6 décembre son livre blanc pour 2017. Intitulé "Innover pour la santé publique avec les sages-femmes", il regroupe douze propositions. Prévention dès le plus jeune âge, création d'états généraux pour la santé des femmes ou encore d'un observatoire européen de la profession sont évoquées.

C'est un appel aux candidats en vue de la campagne des élections de 2017. Le Conseil national de l'ordre des sages-femmes (CNOSF) a publié ce 6 décembre son livre blanc aux candidats, intitulé Innover pour la santé publique avec les sages-femmes. Il contient douze propositions destinées à promouvoir le rôle des sages-femmes dans la prise en charge et l'amélioration de la santé des femmes et de leurs enfants.
Une manière d'interpeller ceux "qui seront amenés à prendre des décisions stratégiques et engageantes pour la profession de sage-femme au cours des prochaines années", souligne l'ordre dans un communiqué. Le livre sera d'ailleurs remis en main propre à l'ensemble des candidats à l'élection présidentielle et à leur état-major politique à l'occasion de rencontres programmées au cours du premier semestre 2017. "Ce projet politique doit répondre à des ambitions fortes et partagées par l'ensemble de notre profession : placer les sages-femmes au centre du parcours de soins et promouvoir leur rôle médical de premier plan dans la prise en charge et l'amélioration de la santé des femmes et de leurs enfants", explique Marie-José Keller, présidente du CNOSF. 

Des états généraux de la santé des femmes

Première proposition en ce sens : "mettre en œuvre les premiers états généraux de la santé génésique des femmes". Leur vocation ? Rassembler l'ensemble des acteurs du monde de la santé autour d'un objectif commun, c'est-à-dire l'amélioration de la prise en charge des femmes par les professionnels de santé tout au long de leur vie. Ces états généraux, précise l'ordre, devront impérativement se tenir à l'initiative et avec le soutien des institutions publiques, afin de donner une concrétisation législative et politique aux propositions qui émergeront. L'ordre propose ensuite de faire de la sage-femme "l'acteur médical de premier recours auprès des femmes en bonne santé". Il s'agit d'exercer et d'assurer, dans son champ de compétences, le suivi médical des patientes et de les orienter directement vers un professionnel de santé sans passer par le médecin traitant, tout en permettant la prise en charge à 100% des soins par l'Assurance maladie. L'objectif affiché étant de fluidifier le parcours de soins des femmes tout en participant à la réduction des dépenses publiques. Dans ce même objectif, l'accès au programme d'accompagnement au retour à domicile (Prado) doit aussi être garanti pour toutes les femmes ayant accouché. 


Autre proposition : instaurer une consultation dédiée à la santé sexuelle et à la prévention des addictions chez les adolescentes. "Cette mesure [...] a déjà reçu le soutien de plusieurs parlementaires et institutions publiques de santé", écrit l'ordre. Information ciblée envoyée par les caisses d'assurance maladie aux jeunes mineurs avec leur carte Vitale et programme d'information et de prévention dans les collèges et lycée compléteraient la mise en place de ces consultations. Plus généralement, et c'est l'objet du quatrième point de ce livret, le CNOSF souhaite faciliter la participation des sages-femmes dans les lycées et collèges à l'éducation "à la vie affective et sexuelle". Et l'ordre de citer des chiffres : en moyenne en France, 6,7% des 12-17 ans ont déjà eu recours une fois à une interruption volontaire de grossesse (IVG). Il invite donc à la mise en place d'actions de promotion de la santé à l'école et tout au long du parcours scolaire de l'enfant, facilitant ainsi l'accès à la prévention et à la contraception. 


Côté e-santé, l'ordre se positionne en faveur de la création d'un dossier médical partagé (DMP) des nouveau-nés par les sages-femmes. Et concernant la formation des futures sages-femmes, il formule plusieurs suggestions : promouvoir l'exercice libéral au sein de la formation initiale, exercice qui séduit de plus en plus les professionnels (lire l'encadré) et soutenir l'émergence de la recherche en maïeutique. 

État des lieux

Le livre blanc du CNOSF propose en préambule un état des lieux de la profession et notamment de ses modes d'exercices. Ouvert aux hommes depuis 1982, le métier reste majoritairement féminin : il compte 97,5% de femmes dans ses rangs. Leur moyenne d'âge est de 40 ans. 51% d'entre elles évoluent au sein de la fonction publique hospitalière. 6 224 sages-femmes exercent en libéral, soit 28% des sages-femmes actives. Cet exercice a été multiplié par deux entre 2007 et 2014.

Faciliter l'ouverture des maisons de naissance


Plusieurs propositions ont aussi pour ambition de faire évoluer l'offre de soins. L'ordre demande une généralisation de l'ouverture des maisons de naissance pour diversifier l'offre de soins périnatale, répondre au projet de naissance des femmes et ouvrir la voie à "une véritable consécration de l'autonomie des sages-femmes". En parallèle, il prône également de faciliter l'ouverture et l'accès des plateaux techniques pour toutes les femmes. "Malgré le cadre législatif et règlementaire existant qui permet l'accès des sages-femmes libérales aux plateaux techniques, l'exercice de ces professionnels de santé au sein de ces structures est aujourd'hui restreint", souligne-t-il. Or, poursuit le CNOSF, de plus en plus de femmes formulent le souhait d’être suivies et accouchées par la sage-femme avec laquelle elles ont préalablement construit leur projet de naissance. Il suggère donc plus d'ouverture au sein des plateaux techniques. 

Un observatoire européen de la profession


Enfin, l'ordre se montre soucieux de la représentation de la profession. Il demande à ce qu'elle soit renforcée, au sein des instances de gouvernance, tout en "assurant une coordination transversale efficace entre tous les acteurs du système de santé". Et cette représentation doit aller au-delà des frontières : le douzième et dernier point vise à la mise en place d'un observatoire européen de la profession de sage-femme (Euromip). En 2009, le CNOSF a en effet lancé le réseau des régulateurs européens de sages-femmes (Nemir). Un réseau informel, regroupant vingt-huit États membres de l'Union européenne (UE). Face aux disparités existant sur le continent et en vue de favoriser la libre circulation de ces professionnels au sein de l'UE, sa mutation en un observatoire est demandée. Son travail porterait sur quatre axes : formation, modes d'exercice, mobilité et rôle des autorités régulatrices.


Ces mesures ont enfin pour but de permettre à l'Ordre des sages-femmes de jouer un rôle dans le cadre de la campagne "pour proposer des mesures novatrices permettant d'accroître la visibilité de la profession". Et renforcer de fait sa place dans le système de santé.
Clémence Nayrac

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