mercredi 7 décembre 2016

100 députés veulent faire interdire l'approche psychanalytique dans l'autisme

06.12.2016
Une centaine de députés principalement LR (droite), dont Daniel Fasquelle, Laurent Wauquiez, Bernard Debré, Bernard Accoyer et Nathalie Kosciusko-Morizet, de concert avec Thomas Thevenoud (ex-PS), s'adressent au gouvernement pour l'encourager à une meilleure prise en charge des autistes. Cette proposition de "résolution" l'invite notamment à "condamner et à interdire les pratiques psychanalytiques sous toutes leurs formes". Seuls les thérapies et les programmes éducatifs pour autistes conformes aux recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) devraient être "autorisés et remboursés", souligne ce texte.

Ce projet qui sera présenté jeudi à l'Assemblée nationale, fait déjà bondir ceux qui défendent la psychanalyse, qualifiée d'"inefficace" selon ce texte. En dépit des avancées, 80% des enfants atteints du trouble du spectre autistique (TSA) sont exclus de l'école en milieu ordinaire, relèvent notamment les signataires dans l'exposé des motifs de cette démarche. "En 2014, 44% des personnes autistes étaient victimes de maltraitances, soit 250.000 sur les 600.000 que compte le pays", lit-on également. La France a d'ailleurs été condamnée en février 2015 par la Cour européenne des droits de l'Homme pour "manque d'accompagnement" des personnes autistes.
Les recommandations de bonnes pratiques de prise en charge émises en mars 2012 par la HAS sont "d'importance vitale pour l'amélioration de la prise en charge de l'autisme", souligne le texte de résolution qui invite le gouvernement à "réallouer en totalité les financements" aux "approches validées scientifiquement et ayant fait preuve de leur efficacité", au détriment de celles qui ne sont pas recommandées, en l'occurrence la psychanalyse.
Mobilisation chez les défenseurs de la psychanalyse
Du côté des "psy", l'Inter-Associatif Européen de Psychanalyse (réunissant 12 associations) crie au "liberticide", jugeant la proposition Fasquelle "diffamatoire et calomnieuse". Cette proposition serait "préjudiciable à la majorité des sujets autistes", affirment ces psychanalystes outrés par les menaces sur le plan économique et pénal.
La CIPPA (coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant d'autisme) présidé par le pédopsychiatre Bernard Golse estime aussi que la psychanalyse "ne peut être tenue responsable des dérives maltraitantes" et qu'elle représente "un moyen irremplaçable pour atténuer la souffrance psychique" des autistes. L'Union syndicale de la psychiatrie s'élève aussi contre ce projet "funeste" et contre une "science d'Etat".
Sus aux "approches maltraitantes" !
Selon la résolution proposée par les députés, le gouvernement doit amener la Fédération française de psychiatrie à reconnaître "sans aucune réserve et officiellement" les recommandations de la HAS afin de "renoncer au packing (enveloppement du patient dans des linges froids et humides), à la psychanalyse et à toutes les approches maltraitantes". 
Le gouvernement est invité "à fermement condamner et interdire les pratiques psychanalytiques sous toutes leurs formes" non recommandées par la HAS. De plus, le texte préconise d'engager systématiquement la "responsabilité pénale des professionnels de santé qui s'opposent aux avancées scientifiques et commettent des erreurs médicales en matière d’autisme".
A 48 heures de son vote, les parents d’enfants autistes et les associations (La Maison de l’Autisme, Agir et Vivre l’Autisme, Vaincre l’autisme, Collectif Egalited, Asperger aide France, Autistes sans Frontières…) se mobilisent pour défendre la proposition de Résolution 4134, portée par Daniel Fasquelle et co-signée par 93 autres députés. 

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