samedi 12 novembre 2016

Machines à rêver

Par Rémi Sussan


Si le champ du Quantified Self (QS) est généralement associé à la santé et la performance, certains de ses domaines d’application se révèlent plus exotiques. Nombre des adeptes du QS s’adonnent à la méditation, par exemple, mais l’un des champs les plus intéressants investis par la nouvelle science personnelle est celui du « rêve lucide ». Un sujet – et un marché – auquel s’est intéressé Nymag dans un récent article.

Un phénomène longtemps méconnu

Qu’est-ce qu’un rêve lucide ? En gros c’est ce qui arrive quand on se rend compte qu’on se trouve à l’intérieur d’un rêve. Depuis toujours, nombreux sont ceux qui affirment avoir cette capacité, mais elle a peu attiré les psychologues pendant des années. La psychanalyse, notamment, ne lui accorde aucun intérêt. C’est dommage parce qu’avant Freud, quelqu’un comme Hervey de Saint-Denys s’était penché sur le sujet et avait écrit un traité sur le sujet, « Les rêves et les moyens de les diriger ». Ce manuel est aujourd’hui en ligne.
A quoi sert le rêve lucide ? On ne sait pas trop, et pour être franc, l’utilité n’est pas la grande préoccupation des adeptes de cette discipline : c’est plutôt l’esprit d’aventure et le goût de l’exploration, voire du fun pur et dur, qui reste la motivation principale… Du rêve érotique avec la star de cinéma de son choix aux visites de pays lointains, voire d’autres planètes, sans compter la bonne vieille activité favorite des rêveurs : voler ! Certains toutefois considèrent le rêve comme une forme de discipline spirituelle. Ils suivent en ce sens les enseignements tibétains du « yoga du rêve », méthode par laquelle le pratiquant arrive à se distancer de l’illusion de l’état de rêve, avec pour but avoué de lui permettre à terme, de transcender aussi l’illusion du « réel ».
Mais précisons bien que le rêve lucide n’a rien de paranormal ou spécifiquement « mystique ». Il a été pratiqué par des gens de toutes croyances et de toutes idéologies ; Allan Hobson, l’un des plus fameux spécialistes du rêve aujourd’hui (et qui considère que ce dernier ne révèle rien d’autre qu’un « bruit neurologique ») est un rêveur lucide. Tout comme l’était apparemment Richard Feynman ou même Ray Kurzweil. A noter que Christopher Nolan, réalisateur d’un des rares films sur le sujet, Inception, serait également un rêveur lucide…

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