mardi 29 novembre 2016

Le VIH ne recule pas, les IST bactériennes flambent

29.11.2016
Faut-il voir le verre à moitié plein ou le verre à moitié vide ? Selon le point épidémiologique publié par Santé Publique France en amont de la journée mondiale de lutte contre le sida, si le nombre de nouveaux diagnostics d’infections par le VIH n’a pas augmenté au cours de ces 5 dernières années, il n’a pas pour autant diminué.
VIH : toujours 6 000 nouveaux diagnostics/an
Ainsi en 2015, près de 6 000 personnes ont découvert leur séropositivité VIH. Les deux tiers de ces découvertes (68 %) ont été faites à l’hôpital contre un tiers (32 %) en médecine de ville, avec un sex-ratio d’environ 2 hommes pour une femme.

Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et les hétérosexuels nés à l’étranger (dont les 3⁄4 dans un pays d’Afrique subsaharienne) restent les deux groupes les plus touchés, représentant respectivement 43 % et 38 % des découvertes en 2015 (contre respectivement 16 % et 2 % pour les hétérosexuels nés en France et les usagers de drogues injectables). « Contrairement à ce que l’on observe chez les hétérosexuels, hommes ou femmes, qu’ils soient nés en France ou à l’étranger, le nombre de découvertes de séropositivité ne diminue toujours pas chez les HSH » soulignent les auteurs du bilan.
Ce travail met aussi en évidence des disparités géographiques avec un taux de contamination beaucoup plus élevé en Guyane, en Guadeloupe, Martinique et Île-de-France (IdF). Cette région concentre 42 % des découvertes de séropositivité. Cependant « depuis 2012, un nombre plus élevé de séropositivités sont découvertes en métropole hors IdF ».
Plus de dépistage mais…
Si le nombre de nouveaux diagnostics ne diminue pas, ceux-ci se font par contre de façon plus précoce. En 2015, 39 % des séropositivités VIH ont ainsi été découvertes à un stade précoce.
Cette évolution plutôt favorable s’inscrit dans un contexte où l’activité globale de dépistage du VIH a augmenté de 3 % par rapport à 2013, avec 5,4 millions de sérologies réalisées en 2015. Pour les experts, cette hausse plutôt modérée suggère que « la recommandation actuelle de dépistage généralisé n’a pas été largement appliquée par les professionnels de santé, notamment en raison de la difficulté de prescrire un test en population générale, en dehors d’un contexte clinique particulier ou d’une prise de risque ».
Le nombre de tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) réalisés par les associations de santé communautaire (62 200 en 2015) reste quant à lui marginal par rapport à l’activité globale de dépistage. Par contre, « en ciblant des populations particulièrement exposées au VIH (30 % d’HSH et 31 % de migrants en 2015), le taux de positivité y est plus élevé » (7,7/1 000 contre 3,3/1 000 pour les sérologies anonymes, et 1,9/1 000 pour les sérologies non anonymes). Ces données montrent que « le dépistage du VIH doit encore être intensifié dans ces populations afin de réduire la proportion de ceux qui ignorent leur séropositivité », selon Santé Publique France.
Elles posent aussi des questions quant aux meilleures politiques de dépistage et interrogent quant à l’intérêt d’une offre de dépistage systématique en population générale. À ce titre, « la stratégie globale de dépistage du VIH est en cours de réévaluation par la Haute Autorité de Santé (HAS), qui devrait rendre ses conclusions début 2017 » annonce Santé Publique France.
La progression des IST se poursuit
En parallèle, la progression des IST bactériennes (syphilis précoces, infections à gonocoque, et lymphogranulomatoses vénériennes-LGV-) se poursuit. Pour le gonocoque, l’incidence des infections diagnostiquées en 2015 a été estimée à plus de 19 000, soit une hausse allant de 100 % par rapport à 2013 pour les HSH à 8 % pour les hommes hétérosexuels. Concernant l’infection à Chlamydiaqui est l’IST bactérienne la plus fréquente, le nombre de cas diagnostiqués en 2015 a été estimé à environ 81 000, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2013. Le nombre total de syphilis précoces diagnostiquées en France en 2015 est en cours d’estimation, mais les cas notifiés montrent une augmentation de 59 % par rapport à 2013.
Les HSH particulièrement touchés
Pour les infections à Chlamydia comme pour la Syphilis, la flambée est très marquée dans les régions métropolitaines hors île de France.
Par ailleurs, comme pour le VIH, les HSH paient un lourd tribut aux IST bactériennespuisque « plus de 80 % des syphilis et près de 70 % des infections à gonocoquediagnostiquées en 2015 dans les structures spécialisées, ainsi que la quasi-totalité des LGV concernent les HSH.
« Le niveau élevé de co-infections par le VIH chez les HSH présentant une LGV, une syphilis ou une gonococcie (respectivement 76 %, 25 % et 17 % en 2015) reflète une utilisation insuffisante du préservatif chez les HSH séropositifs, observée dans les études comportementales depuis plusieurs années, analyse Santé Publique France. Cela plaide en faveur de chaînes de transmission des IST, via des réseaux sexuels comportant des HSH séropositifs, d’où l’importance de dépistages réguliers (pour le patient et ses partenaires) et d’un traitement adapté ».

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