mercredi 9 novembre 2016

Burn out : une plateforme nationale pour les professionnels de santé en souffrance

   09.11.2016
     
L’association SPS (Soins aux professionnels de santé) veut mettre les bouchées doubles sur l’accompagnement des professionnels de santé en souffrance psychologique (burnout, addictions etc). Alors qu’elle organisera le 29 novembre, son deuxième colloque national, l’association, présidée parle chef de file du SML, Eric Henry, a d’ores et déjà annoncé dès la fin de l’année la mise en place d’une plateforme nationale avec des services dédiés.
En tête de ses services, un numéro vert d’appel national proposera écoute et orientation aux professionnels. Ils pourront notamment être aiguillés vers des dispositifs régionaux existants, vers des consultations physiques ou se voir proposer de l’aide pour des formalités administratives ou trouver des remplaçants.

Les soignants auront aussi la possibilité d’être orientés vers des unités dédiées en région. En effet, SPS milite pour que les soignants soient pris en charge dans des lieux réservés. Une possibilité que, dans une enquête de l’association l’année, 80% des professionnels de santé disaient d'ailleurs souhaiter. SPS assure aussi avoir obtenu l’accord de plusieurs ARS et de cliniques et table sur l’ouverture d’une dizaine d’unités dédiées à partir de 2017 et dans toute la France.
Se soigner mais où ? 
Ces annonces interviennent alors qu'une nouvelle enquête met précisément le doigt sur les connaissances lacunaires des soignants sur l'existence des structures existantes. Selon ce sondage Stethos, réalisé auprès de 4000 professionnels de santé, 75% d’entre eux seraient prêts à chercher de l’aide s’ils se retrouvaient un jour dans une situation de souffrance psychologique. Les femmes étant davantage enclines à le faire (79%) que les hommes (69%). Mais près de la moitié d’entre eux ne saurait pas à qui s’adresser pour solliciter cette aide. Symptomatique de cette impression de grand vide face à leur souffrance professionnelle, les professionnels de santé méconnaissent très largement les associations ou numéros d’écoute existants qui leur sont dédiés. Seuls 5% des sondés ont connaissance d’une association et 3% d’un numéro d’écoute. À noter que les médecins sont un peu plus nombreux (14%) à connaître l'existence de ces structures.
Même peu identifiées par les professionnels, certaines organisations sont plus citées par les 5% qui sont familiers de leur existence : un tiers évoque l’Association d’Aide aux Professionnels de santé et Médecins Libéraux (AAPML), 16% l’association Soins aux Professionnels de Santé (SPS), 15% Médecin Organisation travail et Santé (MOTS), 14% l’Aide aux Soignants de Rhône-Alpes (ASRA).
Faut-il y voir un signe de plus de la méconnaissance des structures existantes ou une réaction naturelle ? Parmi la moitié de professionnels qui saurait à qui s’adresser en cas de souffrance professionnelle, 43% pensent d’abord à l’entourage familial. Les consœurs et confrères (38%) arrivent malgré tout en deuxième position devant les amis (30%) ou le médecin traitant (15%).
Des freins économiques
Reste que l'urgence est réelle, d’autant que certains refusent encore de se faire aider. Et pour les 25% concernés il ne s’agit pas d’un complexe de supériorité puisque 17% seulement considèrent que l’appel à l’aide ne sert à rien. La raison de ce blocage est en fait principalement économique, plus de deux-tiers déclarent ne pas pouvoir s’offrir le « luxe économique » de s'arrêter.
Interrogés sur la « durée maximale (en jours ouvrés) que les professionnels de santé pourraient passer à se soigner, sans travailler » la réponse des intéressés est de 24 jours en moyenne. De plus, 20% ne possèdent pas de contrat de prévoyance et même ceux qui en ont un ne savent pas vraiment s’ils sont bien assurés. Au-delà des questions économiques, la garantie de l'anonymat inquiète également, un élément qui les fait préférer une prise en charge loin de leur lieu d’exercice. Pour mieux se soigner, vivons caché...

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