samedi 26 novembre 2016

Avec «Transfusion», Philippe Mons célèbre la créativité de ses patients

25-11-16

Le médecin psychiatre Philippe Mons organise une exposition singulière. Dans sa galerie d’art, ont pris place des œuvres inédites et particulières : celles que lui ont confiées ses patients.
Philippe Mons, médecin psychiatre à Saint-André, invite à découvrir la production artistique de ses patients.
Philippe Mons, médecin psychiatre à Saint-André, invite à découvrir la production artistique de ses patients.
C’est une expo atypique, au sens où son destin n’est pas d’être identifiée dans un mouvement artistique classique. Les œuvres qui attendent le regard des visiteurs sont très différentes de l’exposition montée par LAM de Villeneuve-d’Ascq en 2013 qui présentait les collections d’art brut et d’art indien qui accompagnent le praticien dans sa vie.
Pourtant « Transfusion », que l’on pourra découvrir durant quatre jours, a trouvé sa place dans cette galerie d’art ouverte depuis 1995 et où avait été organisée, déjà avec le LAM, une exposition d’art brut intitulée : Éloge de la liberté. En cela, elle témoigne d’une constante. Pour Philippe Mons, la production artistique est indissociable de l’existence et du travail.

Mais pour autant s’agira-t-il d’art brut ? De cet art dont on dit qu’il est avant tout décharge pulsionnelle en marge des codes esthétiques ? Pas du tout. Cette exposition-là est totalement inédite. Car si elle se propose de dévoiler des expressions singulières, ce sont celles que les patients de Philippe Mons lui ont un jour confiées. «  Je me suis aperçu que beaucoup de gens produisaient de l’art. Des machins qu’on appelle de l’art ou que l’on peut appeler comme cela. J’ai voulu rendre hommage à tous ces gens. »
Cet hommage à la création est parfois anonyme, mais pas toujours. Les œuvres que l’on pourra découvrir sont en quelque sorte la production de tout un chacun. «  Il y a des auteurs qui montreront leur création pour la première fois. Il y en a d’autres qui exposent régulièrement et sont même très connus. Et il y a ceux qui, un jour, ont eu envie de se raconter sur ma banquette.  »
Mythe d’origine
Tableaux, photos, dessins, sculptures ont donc trouvé leur mythe d’origine dans un bureau rempli d’autres œuvres d’art où s’accroche le regard tandis que la parole se délivre. La création s’est nouée dans cette relation intime et éphémère qui unit celui qui écoute et celui qui parle. Et s’il n’y a pas de liens formels pour réunir tous ces gens qui composent la patientèle du médecin psychiatre, il y a tout de même le nom de cette exposition intitulée « Transfusion ». «  La transfusion entre le patient et moi, cela va de l’un à l’autre. La transe et la fusion, ce sont des processus de la cure. »
Lors de ces journées d’expositions, les visiteurs pourront aussi interroger du regard le bureau du praticien.
L’opportunité d’y apercevoir de confondants fantômes ?
Exposer les œuvres de ses patients: une première
– Vous organisez une exposition pour faire plaisir à vos patients ?
« Oui pour faire plaisir à tous ces gens. Je n’imaginais pas à quel point c’était important pour eux. Beaucoup d’entre eux m’ont demandé s’ils pouvaient amener leur famille, leurs amis. C’est très touchant. La plupart n’ont jusqu’à présent jamais montré leurs œuvres. »
– Ils osent s’exposer dans votre galerie qui s’appelle «Zone de confusion». Ce n’est pas anodin.
« La zone de confusion, vous savez, c’est ce panneau d’EDF qui montre un homme en danger sous les lignes à haute tension qui polarisent l’atmosphère. On y voit un homme foudroyé par ce qu’il y a dans l’air. »
– L’art permet de sortir de la zone de confusion ?
« J’espère bien que non. J’espère qu’on sera tous électrocutés. »
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– Pourquoi ?
« C’est le principe de l’abréaction (décharge émotionnelle par laquelle un sujet se libère d’un événement oublié qui l’avait traumatisé). L’abréaction est absolument indispensable à la personne en analyse. L’art permet l’abréaction… »
– En quoi cela aide les visiteurs ?
« C’est l’éternel problème du regard sur l’œuvre. Des gens se trouvent en communication avec cet espace transitionnel entre le regardeur et l’objet. Mais ce n’est pas le projet de cette exposition. »
Transfusion : exposition visible au 86 rue de la gare, les 26 et 27 novembre et les 3 et 4 décembre, de 15 h à 19 h.

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