mardi 4 octobre 2016

Nîmes : suicide en prison, Me De Prato s’insurge

CATHY ROCHER


Nîmes : suicide en prison, Me De Prato s’insurge
"Leur place n’est pas en prison", déclare l’avocate.
Photo archives WILLIAM TRUFFY

Le décès de Cédric a choqué l'avocate. En deux ans, deux détenus souffrant de schizophrénie se sont pendus.
Cédric, 39 ans, schizophrène, s'est pendu dans sa cellule à la maison d'arrêt de Nîmes. C'était dans la matinée du mercredi 7 septembre. Il était seul dans sa cellule, ses codétenus étaient partis en promenade ou sur des activités. Le personnel pénitentiaire puis le Samu ont tenté de le réanimer. En vain. Le parquet de Nîmes a ouvert une information judiciaire pour "recherche des causes de la mort".

Le suicide de Cédric a bien sûr choqué les détenus, le personnel pénitentiaire... et l'avocate du détenu, Me Florence De Prato, ainsi que sa consœur Me Marine Santimaria.
"En prison, il dealait ses médicaments"
"Il y a deux ans, déjà, Bastien J., 20 ans (le jeune homme était défendu par Me Santimaria) s'était pendu dans sa cellule d'isolement. Il sortait de trois hospitalisations. Cédric avait le même profil. Ils souffraient tous les deux de problèmes psychiatriques. Leur place n'était pas en détention...", commente Florence De Prato. L'avocate hausse le ton : "C'est révoltant. À l'évidence, on ne tire aucune leçon de ce qui s'est passé. Dans les deux cas, il s'agit de parcours de personnes souffrant de schizophrénie." Ni la famille, ni l'avocate n'ont été informées du décès de Cédric dans un premier temps, constate cette dernière : "Humainement, c'est très choquant. La moindre des choses était d'appeler l'avocat. Ils ont nos coordonnées."
Bastien avait poignardé et blessé sa petite amie. Cédric Simoh, lui, s'attaquait principalement à sa famille. "Depuis l'âge de 16 ans, Cédric Simoh souffrait de schizophrénie, témoigne Me De Prato. Il a eu un parcours d'hospitalisé d'office." Cédric était poursuivi pour avoir agressé sa grand-mère avec un pistolet airsoft au mois de mai et pour des agressions visant d'autres membres de sa famille au mois de juin. L'avocate a demandé une contre expertise et la nullité du premier certificat médical "rédigé à la vite". "Pour l'affaire du mois de mai, ce médecin hospitalier réquisitionné par le parquet avait considéré que Cédric ne relevait pas d'une hospitalisation d'office", s'insurge Me De Prato.
Il devait comparaître ce mardi en appel
Le 5 juillet, en comparution immédiate, le tribunal correctionnel a rejeté l'exception de nullité déposée par l'avocate. Cédric Simoh a été condamné à 9 mois de prison et écroué. Le parquet avait fait appel et Cédric Simoh devait comparaître ce mardi devant la chambre correctionnelle de la cour d'appel. "Il m'avait dit qu'en prison, il dealait ses médicaments. Il ne les prenait pas. Ce qui peut expliquer cette décompensation. J'avais prévenu les surveillants et je leur avais demandé d'être vigilants
."Cédric Simoh était aussi un détenu difficilement gérable. Pour les surveillants et les autres détenus. "Un codétenu qui s'est scarifié les bras m'a assuré que la situation était invivable avec lui."Dans un établissement psychiatrique, le personnel soignant a l'obligation de vérifier que les patients prennent leur médicament. "En milieu pénitentiaire, cela n'est pas le cas, commente Florence De Prato. Mais pour des raisons de sécurité, insiste l'avocate, le responsable de la maison d'arrêt peut interdire au détenu de garder des médicaments dans sa cellule. "L'avocate de la famille de Cédric, partie civile dans ce dernier procès, "est aussi choquée", assure Me Marie Godard.

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