mercredi 21 septembre 2016

Réduire les admissions forcées en psychiatrie

20/09/2016
La proportion des hospitalisations forcées en psychiatrie « tend à augmenter dans la plupart des pays occidentaux » rappellent, dans JAMA Psychiatry, les auteurs d’une méta-analyse visant à « établir quelles interventions réduisent efficacement les risques d’hospitalisation sous contrainte » de patients adultes.

Portant au total sur 2 970 patients âgés de 18 à 65 ans, cette enquête compare l’impact de quatre types d’interventions courantes sur le risque d’admission forcée :
– Déclarations préalables (advance statements)[1] définissant à l’avance, d’un commun accord entre le praticien et le patient, les préférences de celui-ci pour tel ou tel protocole thérapeutique dans l’hypothèse où l’évolution de sa pathologie imposerait un renforcement du traitement psychiatrique. L’intéressé peut « faire à tout moment une déclaration préalable, s’il comprend de quoi il s’agit et ses conséquences possibles », notamment en termes d’hospitalisation et de traitement forcés. Dans la mesure du possible, le psychiatre doit alors « tenir compte de cette déclaration préalable pour prendre une décision de traitement. »
– Ordonnances pour traitements ambulatoires (community treatment orders)[2] permettant de « quitter l’hôpital et d’être traité en toute sécurité dans la communauté, plutôt qu’en milieu hospitalier. »
– Amélioration de l’adhésion au traitement (compliance enhancement)[3] où l’on s’efforce de renforcer l’observance thérapeutique en explicitant les prescriptions proposées contre la pathologie en question.
– Et le traitement intégré (integrated treatment)[4] combinant idéalement, dans un même cadre thérapeutique, le traitement de toutes les difficultés psychiatriques éprouvées par le patient : addiction, troubles anxio-dépressifs, etc.

L’accord préalable, seul élément significatif

Cette méta-analyse montre que seule la pratique des déclarations préalables présente un effet significatif en terme de réduction du risque d’hospitalisation sous contrainte  (-23 % : Odds ratio = 0,77 ; intervalle de confiance à 95 % [0,60–0,98] ). Et contre toute attente, on n’observe au contraire aucune influence significative pour la réduction de ce risque avec les trois autres types d’intervention. Mais le principal enseignement de cette recherche se révèle le faible intérêt accordé apparemment à ce sujet dans la recherche psychiatrique, puisque les auteurs recensent dans les grandes bases de données (EMBASE, MEDLINE, Web of Science, PsycINFO, PubMed...) « seulement treize essais cliniques randomisés » où l’éventualité d’hospitalisation sous contrainte est un critère retenu dans une étude. Cette carence d’informations sur l’admission forcée en unités de soins psychiatriques implique à l’évidence « le besoin de recherches supplémentaires dans ce domaine. »
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
De Jong MH et coll.: Interventions to reduce compulsory psychiatric admissions. A systematic review and meta-analysis. JAMA Psychiatry, 2016; 73 (7): 657–664.

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