mardi 23 août 2016

Devenir Freud / Revue Enfances & Psy

02.02.2015

Phillips
Phillips  Crédits : Editions de l'Olivier
Dans un précédent ouvrage intitulé La meilleure des vies , Adam Phillips avait eu l’idée singulière et pénétrante d’évoquer ces vies que nous n’avons pas eues mais que les circonstances ou des choix différents nous auraient permis de vivre, et qui nous habitent à la manière du membre « fantôme » des amputés, que ce soit dans le deuil de ces « possibles » ou parce que – je cite « nous partageons nos vies avec les gens que nous avons échoué à être », des fantômes qui peuplent les divans des psychanalystes.
Dans Devenir Freud , il se livre à un exercice délicat, pour ne pas dire périlleux : examiner au contraire les conditions et les aléas qui ont fait de la vie de Freud ce que nécessairement elle devait être, à savoir celle de l’inventeur de la psychanalyse. Le premier obstacle tient à l’hostilité déclarée de Freud lui-même à l’égard de l’entreprise biographique, qui l’avait notamment amené à faire disparaître différents documents, notes et lettres pour compliquer la tâche des ses futurs biographes. S’il est vrai que l’enfance est déterminante dans notre vie adulte, les souvenirs que nous en conservons sont reconstruits à l’aune de ce que nous sommes devenus, désirs et frustrations inclus. C’est d’ailleurs l’objet de la psychanalyse que de décrypter ces fictions qu’on appelle « souvenirs » et de mettre au jour ce qu’ils dissimulent ou ont relégués « hors-champ » à la façon d’écrans . D’une certaine manière, la question de la biographie est au cœur du travail analytique et Freud était bien placé pour le savoir. D’où sa méfiance à l’égard des conclusions hâtives qu’on peut tirer de tel ou tel élément.

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