vendredi 15 juillet 2016

ÉTHIQUE 42% des directeurs d'ESSMS estiment que le fait religieux pourrait devenir un objet de tensions


 - HOSPIMEDIA
Dans son rapport sur les valeurs républicaines dans le champ du travail social, Michel Thierry dévoile les principaux résultats d'une enquête de la Direction générale de la cohésion sociale sur la laïcité dans les établissements et structures sociales et médico-sociales. Les responsables des structures ont un regard attentif sur la question.

Chargé par le Gouvernement en novembre 2015 de réfléchir aux moyens à mettre en place pour promouvoir les valeurs républicaines dans le champ du travail social, Michel Thierry, ancien vice-président du Conseil supérieur du travail social, a remis officiellement son rapport à l'occasion de l'installation du Haut Conseil du travail social, jeudi 7 juillet. Concernant plus spécifiquement la laïcité dans le champ des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS), il y présente les premiers résultats d'une enquête de la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) menée en octobre 2015.

Quelques données méthodologiques sur l'enquête laïcité de la DGCS

La DGCS a lancé à l'automne 2015 une réflexion de fond sur la laïcité dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS). Des questionnaires flash ont été transmis aux directeurs d'Ehpa, d'Ehpad, d'établissements accueillant des personnes handicapées (enfants et adultes), d'établissements de protection de l'enfance... Sur une vingtaine de milliers de structures recensées en France, la DGCS a analysé 2 526 réponses.
Si le fait religieux aujourd'hui n'est pas repéré comme un obstacle. Presque la moitié des directeurs interrogés (42%) expriment toutefois une véritable crainte pour l'avenir en déclarant que cette problématique pourrait devenir un objet de tensions. Cette peur semble bien ancrée dans les établissements, où seulement moins d'un tiers des responsables affirment le contraire. Paradoxalement, ils n'identifient pas le fait religieux comme un problème actuel. Répondant pour l'année 2015, une très large majorité (75%) déclare ainsi qu'il "ne constitue pas un obstacle". 69% indiquent même que les exigences à caractère religieux s'expriment rarement dans leurs structures. Thierry Michel rapporte aussi que "les demandes à d'usagers concernant l'évitement de membres du personnel pour motif de sexe ou de confession sont quasi négligeables ; on n'en rencontre que dans 1 à 2% d'établissements".

Des valeurs républicaines bien présentes

Plus globalement, les données récoltées par la DGCS, semblent acter une bonne intégration des principes de neutralité et de liberté à l'égard des résidents et des usagers dans les établissements. 93% des directeurs interrogés déclarent "afficher dans leurs établissements la charte des droits et libertés de la personne accueillie, qui garantit notamment la liberté de croyance et de culte". Plus de la moitié (56%) souligne par ailleurs qu'ils adaptent les repas pour permettre des choix en fonction de la religion des personnes accueillies. Un quart des structures mettent à disposition des espaces de cultes, c'est d'ailleurs très majoritairement le cas dans les Ehpad, selon Michel Thierry. Enfin, si les directeurs informent les résidents des règles existantes dans leur établissement en matière de laïcité et de cultes, ils reconnaissent qu'ils ne réalisent pas systématiquement la même chose avec leurs salariés à l'embauche.


Les principales propositions de la mission laïcité

En conclusion de son rapport, Michel Thierry souligne tout particulièrement quelques propositions à destination des professionnels :
  • faciliter l'appropriation des valeurs républicaines dans les formations sociales en élaborant avec les représentants des instituts de formation une circulaire d'orientations pédagogiques sur l'appropriation des valeurs républicaines et de la laïcité dans les enseignements et la pédagogie, en s'appuyant sur des illustrations concrètes ;
  • former à la laïcité en s'appuyant sur l'alternance ;
  • former à une approche anthropologique du fait religieux ;
  • inviter les organismes financeurs de la formation continue à développer des actions de formation permanente sur la prise en compte de la laïcité dans la gestion de ressources humaines ;
  • élaborer avec les professionnels une charte ou des orientations communes à tous les types de lieux d'exercice.
Lydie Watremetz

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