mardi 12 juillet 2016

Davantage de récidives dépressives pour les femmes ?

11/07/2016

Pour une femme, le risque de souffrir d’une dépression importante (major depression) au cours de toute son existence s’avère « presque deux fois plus élevé » que pour un homme, rappelle une équipe de l’Hôpital de l’Université de Strasbourg, dans une publication sur l’influence éventuelle du sexe du patient sur le risque de récidive en matière de dépression sévère.

S’intéressant aux publications portant sur la période 2005–2014 et questionnant le rôle possible de l’appartenance à tel sexe comme un facteur prédictif d’une récidive dépressive, les auteurs ont retenu 98 études et pris aussi en compte les références bibliographiques de ces travaux, ainsi que des informations émanant de la base de données PubMed.
Si « la plupart » de ces études ne repèrent « aucune influence » du sexe sur le risque de récurrence, on note pourtant qu’une « minorité d’entre elles » suggèrent au contraire que l’appartenance au sexe féminin constitue un facteur de risque significatif pour le risque de récidive. Globalement, les résultats de cette recherche montrent que ce risque de récurrence dépressive serait « multiplié par un facteur compris entre 1 et 1,2 » chez les femmes, comparativement aux hommes. Mais le caractère trop hétérogène des différentes études sur ce thème (en termes de durée du suivi, nature des études, populations concernées, choix des variables, traitements statistiques des données disponibles...) ne permet pas de réaliser de véritables méta-analyses. Et s’il existe sans doute trop de critères pouvant « influencer les résultats des études prospectives » (âge du début des troubles, évolution, interférence des traitements ou d’autres facteurs confondants[1]) pour confirmer indubitablement cette conclusion, on peut toutefois estimer que les femmes ont « probablement un risque légèrement plus élevé de récidive que les hommes, après un épisode dépressif majeur. »
[1] Par exemple, comme d’une part le risque de récidive dépressive augmente avec la durée écoulée depuis la première dépression, et que d’autre part les femmes ont une espérance de vie supérieure aux hommes, il existe là un risque évident de biais intrinsèque.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Bertschy G et coll. : Major depression: does gender influence the risk of recurrence? A systematic review. Eur J Psychiatry., 2016 ; 30 : 7-27.

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