mercredi 11 mai 2016

Trop de patients, pas assez de médecins : l'hôpital de Mayotte est en grève

11.05.2016
chm
Les médecins et personnels hospitaliers du Centre Hospitalier de Mayotte (CHM) étaient en grève mercredi à Mamoudzou. Près de 200 d'entre eux ont manifesté mercredi matin entre le CHM et la direction de l'antenne de Mayotte de l’ARS Océan Indien.Les grévistes étaient plus nombreux mais beaucoup ont été réquisitionnés. "L'hôpital continue de fonctionner pour les urgences et les consultations", a expliqué le docteur Gérard Javodin, président du Syndicat des praticiens hospitaliers de Mayotte à l'AFP.
La principale revendication des grévistes porte sur l'insuffisance des effectifs, un problème toujours pas résolu dans l'île. "Nos capacités humaines et hôtelières sont saturées pour des raisons que tout le monde connaît aujourd'hui : l'immigration galopante", a-t-il souligné. "L'hôpital prévu pour 300 lits accueille aujourd'hui le triple des malades. Dans une chambre prévue pour un ou deux malades, le nombre est multiplié par deux. Un lit d'hospitalisation est occupé par deux personnes, les chambres et les couloirs de l'hôpital sont remplis à cause de l'afflux des malades de toute la zone de l'Océan indien. On a du retard de prise en charge correcte de certains malades qu'on doit opérer par manque de lit", a déclaréMohamed El Amine, infirmier de bloc opératoire.

Conséquence de cet afflux de malades en provenance des îles voisines des Comores les conditions de travail du personnel se dégradent. "Les gens sont à bout physiquement. Ils ont peur de commettre des erreurs médicales majeures. Ils ne veulent pas continuer de travailler dans ces conditions. Au niveau de la maternité le problème est récurrent, il y a eu 9.000 accouchements en 2015 et depuis le 1er janvier 2016, nous en sommes déjà à 1.500 accouchements. On fait 15 à 20 césariennes par jour ", a insisté le docteur Javodin.
Face à cette situation, les grévistes réclament un "Plan Marshall" pour améliorer la situation. Ils insistent aussi sur la nécessité et l'urgence de favoriser l'attractivité du territoire afin d'inciter plus de médecins à venir travailler à Mayotte. Pour compenser le déficit d'effectifs, le CHM fait appel à des contractuels, aux conditions plus favorables, ce qui entraine une dégradation des rapports avec les titulaires, affirment les grévistes.

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