lundi 16 mai 2016

« Les jeunes gens autistes peuvent faire preuve de capacités insoupçonnables »

LE MONDE | Propos recueillis par Sylvie Kerviel
Gilles Roland-Manuel, fondateur et président de l’association et du Festival Futur composé.
Gilles Roland-Manuel, fondateur et président de l’association et du Festival Futur composé. FUTUR COMPOSÉ
Entretien avec le psychiatre Gilles Roland-Manuel, créateur du Festival Futur composé qui, depuis 2000, présente tous les deux ans des spectacles et créations artistiques menés conjointement par des personnes autistes, accompagnées de leurs éducateurs, et des artistes professionnels. L’édition 2016 a lieu du 17 mai au 30 juin dans différents lieux parisiens.
Le Festival Futur composé tient sa neuvième édition. Comment a-t-il évolué depuis sa création ?
Il a évolué d’un mode assez artisanal à des activités plus structurées, concernant un nombre croissant d’établissements qui accueillent des jeunes gens autistes. Depuis quelques années, nous présentons des créations, ce qui demande beaucoup plus de temps et de moyens que d’acheter des spectacles « clé en main ». Mais le principe de base demeure le même : fédérer des activités de petits ateliers qui travaillent toute l’année dans des domaines artistiques divers : théâtre, musique, arts plastiques, etc. On compte aujourd’hui une quarantaine de structures accueillant ces ateliers.
Avez-vous le sentiment que le regard des gens sur les personnes autistes a changé grâce à ces manifestations artistiques ?
Ce serait bien prétentieux de l’affirmer et, sauf avancée brusque et spectaculaire des prises en charge – ce qui me paraît à l’heure actuelle peu probable –, ce regard évoluera lentement. 
L’autisme n’est pas une maladie, mais un syndrome lié à des causes extrêmement diversifiées. Or, le regard porté sur ce syndrome est très intimement lié aux causes qu’on lui attribue. Il en va de même des différents types de prise en charge qui sont eux aussi très dépendants de ce regard. Ce qui me paraît certain, c’est que ces expériences artistiques révèlent qu’au prix d’un encadrement adéquat, ces jeunes gens dits « incapables majeurs », peuvent révéler des capacités insoupçonnables, ce qui pose question sur notre « incapacité majeure » à souvent répondre à leurs besoins. Il faut donc explorer, explorer encore, et travailler beaucoup. Les éducateurs ont ici un rôle majeur à jouer.

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