mardi 3 mai 2016

Bien être des ados : quand ça va à l’école, tout va

 27/04/2016

Depuis 1982 l’enquête HBSC (Health Behaviour in School-aged Children), sous l’égide du bureau Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), collecte tous les 4 ans des données sur la santé, le vécu scolaire et les comportements favorables ou préjudiciables à la santé des élèves âgés de 11, 13 et 15 ans selon une méthodologie standardisée.  Réalisée par  questionnaire auto-administré sur le principe du volontariat, dans le respect de l'anonymat et de la confidentialité, menée en classe sous la responsabilité d’un enquêteur formé, elle concerne 41 pays ou régions, essentiellement européens.
L'objectif de l'étude publiée dans The Journal of Public Health consiste à décrire l'ensemble des interactions entre le bien être physique et psychologique et les différentes ressources subjectives (qualité de la relation avec les parents et les pairs, perception de l'école) dans une population de 16 018 adolescents italiens âgés de 15 ans.
 Tabagisme et consommation d’alcool en lien avec le stress scolaire
Le sentiment d'appartenance à un « groupe », un faible niveau de conflit et un environnement où l'expression des émotions est encouragée constituent des facteurs de protection vis-à-vis des troubles émotionnels des adolescents.
Dans les deux sexes le bien-être subjectif est directement relié au stress scolaire.

La perception négative de l'école diminue la qualité du bien-être chez les garçons alors que chez les filles, cette baisse est liée au sentiment d'être traitées injustement par les enseignants.
Chez les garçons une mauvaise perception de l'école est significativement associée au risque de plaintes de santé, de relations de moindre qualité avec les parents (père et mère) et les pairs, de se sentir sous la pression du travail scolaire, de fumer et de consommer de l'alcool. Les résultats sont similaires chez les filles en dehors des plaintes de santé non associées à la mauvaise perception de l'école.
De mauvaises relations avec les enseignants sont significativement associées chez les filles à un risque accru de plaintes de santé, avoir peu de camarades de classe et au tabagisme. Pour les garçons la seule variable significative concerne les camarades de classe.
Les comportements à risque, tabagisme et consommation d'alcool, sont également fortement et directement reliés au stress scolaire perçu.
Conformément aux études antérieures ces résultats montrent que le stress lié aux études est associé à un niveau plus faible de bien être physique et psychologique et à une moindre qualité des relations avec les parents et les pairs. Quand le stress scolaire diminue, les problèmes de santé aussi dans les deux sexes, soulignant le fait que l'école est perçue comme une ressource par l'étudiant. Par conséquent, l'école semble représenter le principal facteur influençant le bien-être subjectif chez les adolescents de 15 ans.

Revoir les interventions de promotion de la santé en milieu scolaire

Ce travail se focalise sur les facteurs de protection (famille, relation avec les pairs et les adultes) plutôt que sur des facteurs de risque pour mieux comprendre la santé les adolescents.
Les résultats semblent montrer que le bien-être des adolescents est strictement dépendant de la perception positive de l'école et de la qualité des relations avec les parents et les pairs. Un soutien dans l'environnement scolaire est également associé négativement aux comportements à risque, comme le tabagisme et la consommation d'alcool.
Ces constats indiquent que les interventions de promotion de la santé dans le cadre de l'école devraient se concentrer sur des activités qui favorisent la pensée critique, un sentiment d'appartenance, d'estime de soi et le sentiment de faire partie d'une société solidaire, plutôt que sur un programme axé seulement sur la promotion de choix sains pour la santé.
Traditionnellement, les écoles et la société mettent l'accent sur les comportements à risque (tabagisme, consommation de drogues et d'alcool), comme s'ils étaient les causes sous-jacentes du stress psychosomatique des adolescents alors qu'ils représentent le moyen d'exprimer leur malaise.
En conclusion, les relations scolaires, qui semblent au cœur du problème, devraient devenir le  lieu privilégié où ces sentiments peuvent être diffusés, donnant lieu à un processus positif pour  promouvoir la santé des adolescents. Les politiques scolaires devraient favoriser une culture « d'inclusivité », s'assurer que toutes les préoccupations des jeunes sont abordées et favoriser une approche globale pour donner aux jeunes l'occasion de contribuer aux décisions qui pourraient avoir une incidence sur leur bien-être.
Dr Maryvonne Pierre-Nicolas
RÉFÉRENCE
Lemma P et coll. : Well-being in 15-year-old adolescents: a matter of relationship with school. J Public Health (Oxf). 2015; 37: 573-80

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