mardi 12 avril 2016

Boire de l’alcool à 11 ans ?


Une grande majorité des buveurs réguliers d’alcool ont commencé pendant l’adolescence. Une étude suggérait récemment que l’alcoolisation des jeunes était en lien étroit avec le processus de socialisation. Si, au Royaume –Uni, la consommation d’alcool a diminué chez les jeunes au cours de la dernière décennie, sa prévalence resté la plus élevée d’Europe et le nombre d’hospitalisations en lien avec l’alcool reste très préoccupant chez les moins de 18 ans.  C’est ce qui a poussé une équipe londonienne à rechercher les facteurs pouvant avoir une influence sur l’alcoolisation des très jeunes gens. Des travaux ont déjà examiné les facteurs entourant les conduites d’alcoolisation chez les 13-19 ans. Il s’agit cette fois de rechercher les éléments pouvant être présents dès l’initiation,  c’est-à-dire dès 11 ans. Les auteurs ont exploité les données de l’étude de Cohorte du Millénium concernant plus de 10 mille jeunes âgés de 11 ans.

L’influence de la mère et des copains

Près de 14 % de ces jeunes relatent avoir déjà bu de l’alcool. Contrairement à l’idée répandue selon laquelle l’alcoolisme des parents a une grande influence sur les enfants, il apparaît ici que le risque est supérieur quand ce sont les amis qui consomment de l’alcool. La fréquentation d’autres jeunes consommant de l’alcool est en effet associée à un risque 5 fois plus élevé de boire que quand ces pairs ne boivent pas. L’influence des parents n’est toutefois pas nulle, en tous cas celle de la mère, puisque le risque est augmenté de 80 % chez un enfant dont la mère boit. L’étude ne met pas en évidence de lien significatif entre l’alcoolisme du père et l’initiation précoce à l’alcool.
D’autres facteurs entrent en ligne de compte dans une initiation précoce à l’alcool, notamment croire que l’alcool peut avoir des effets bénéfiques, alors qu’inversement la crainte des effets négatifs semble avoir un effet dissuasif. Un manque de surveillance, de fréquents conflits avec les parents et le fait de ne pas être heureux en famille sont aussi des facteurs favorisants.
Certains éléments manquent toutefois dans cette étude et notamment le contexte des alcoolisations : où boivent ces très jeunes gens, quand boivent-ils et que consomment-ils ? Des incertitudes persistent aussi sur le lien entre l’alcoolisation précoce et son maintien plus tard dans la vie. Quoi qu’il en soit, l’on ne peut mettre en doute le fait que les facteurs de risque mis en évidence ici pourraient servir de base à des politiques de prévention.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES
Kelly Y et coll. : What influences 11-year-olds to drink? Findings from the Millennium Cohort Study. BMC Public Health, 2016; 16: 169

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