vendredi 25 mars 2016

Jean Claude Ameisen : « Se préserver de la haine »

Le Monde.fr
« La méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité », dit le préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Et parfois, pour résister, pour protéger les vies humaines et pour construire la paix, la guerre est la seule solution. Mais, même dans la guerre, il faut se préserver de la haine. Car « l’obscurité ne peut chasser l’obscuritéseule la lumière peut y parvenir. La haine ne peut chasser la haine », dit Martin Luther King. L’écrivain chinois Liu Xiaobo prolonge sa pensée  : « La haine peut empoisonner l’esprit d’une nation, inciter à des combats cruels et mortels et détruire la tolérance et l’humanité d’une société. »
Résister. Se préserver de la haine. Et surmonter la peur. Car « la peur corrompt, dit Aung San Suu Kyi, elle étouffe et anéantit lentement tout sens du bien et du mal. Il faut se libérer de la peur. La dépasser. La mettre au service de la vérité, de la justice et de la compassion ». Lutter pour un monde plus juste. Et réaliser avec la lauréate du prix Nobel de la paix que « partout où la souffrance est ignorée il y aura les germes du conflit, car la souffrance dégrade, rend amer, enrage ».

Résister. Construire un monde meilleur. Et maintenir vivante la flamme de l’espoir. « Tu ne supportais pas l’oppression ni l’injure/Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre/Tu rêvais d’être libre et je te continue », écrit Paul Eluard. « Face aux ténèbres/J’ai dressé des clartés/J’ai ancré l’espérance/Aux racines de la vie », répond la poétesse ­Andrée Chedid. « Je me souviens des tueurs, je me souviens des victimes, ajoute Elie Wiesel, mais je lutte pour inventer mille et une raisons d’espérer. »
Victor Hugo, dans sa Lettre aux membres du Congrès de la paix  : « Il faut espérer. Une haine immense emplit l’avenirLe moment semble étrange pour parler de la paix. Eh bien ! jamais ce mot, paix, n’a pu être plus utilement prononcé qu’aujourd’hui. La paix, c’est l’inévitable but. »
C’était il y a plus de cent quarante ans. Il faut continuer à espérer.
Jean Claude Ameisen, médecin et biologiste, préside le Comité consultatif national d’éthique.

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