lundi 1 février 2016

Doper n’est pas jouir

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Conjuguant marketing et éloge du badinage, la grande braderie du sexe sur ordonnance illustre l’emprise du corps médical sur l’art d’aimer et révèle son imposture.

La mise sur le marché du Viagra, en octobre 1998, a bouleversé les dispositifs de prise en charge des fiascos de l’érection, rendant caduques cent ans de recherches et de pratiques curatives. En effet, si la maîtrise de la conversation thérapeutique et l’invention de nombreuses techniques de catharsis - de la psychanalyse à l’art-thérapie - ont pu appareiller les sexothérapeutes un siècle durant, le taux de «guérison» était constamment discuté. Sans transition, les produits de dopage pharmaceutique de la sexualité vont atteindre des scores de satisfaction incontestables, créant un engouement immédiat des praticiens et des patients impatients de résoudre leurs difficultés. Les industriels créent illico une nouvelle classe thérapeutique concurrentielle des comptoirs des sex-shops traditionnels, cautionnée par des universitaires habilités. 


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