jeudi 11 février 2016

Comment dorment les patients bipolaires « guéris » ?

08/02/2016


Effectuée à la Stanford University (États-Unis), une étude a évalué la qualité du sommeil chez 89 sujets bipolaires en phase de rémission ou de guérison (recovered BD patients), définie par une absence de troubles thymiques se prolongeant « au moins pendant deux mois », comparativement à 56 sujets-contrôles. Cette évaluation s’est appuyée sur l’outil Systematic Treatment Enhancement for Bipolar Disorder(STEP-BD)[1] et sur un index classique de qualité du sommeil (PSQI : Pittsburgh Sleep Quality Index)[2]. Mais le recours à cet index subjectif (renseigné par le sujet lui-même) au lieu d’une évaluation objective (basée sur une polysomnographie)[3], le faible effectif de la population concernée, et la présence éventuelle de traitements psychotropes (pouvant représenter des facteurs confondants) constituent des limitations importantes de cette étude, soulignées d’ailleurs par les auteurs eux-mêmes.

Les résultats obtenus suggèrent toutefois un lien probable entre une mauvaise qualité du sommeil chez les sujets bipolaires « rétablis » (durée d’endormissement plus longue, usage plus fréquent de somnifères, score plus médiocre à l’évaluation par le PSQI) et la persistance de troubles de l’humeur résiduels, comparativement aux sujets-témoins. D’autre part, ces altérations dans la qualité du sommeil semblent prédire des récidives plus précoces de troubles thymiques. Mais si toutes ces associations entre une (mauvaise) qualité du sommeil et une vulnérabilité accrue pour la maladie bipolaire doivent être confirmées par d’autres recherches épidémiologiques, l’attention portée à une meilleure qualité du sommeil semble, dès à présent, un bon moyen pour contribuer à réduire la probabilité de réapparition d’autres épisodes de troubles thymiques, chez les sujets bipolaires en rémission suivis à titre systématique,
Dr Alain Cohen

RÉFÉRENCE
Becker J et coll.: Sleep, residual mood symptoms, and time to relapse in recovered patients with bipolar disorder. J Affect Disord., 2016: 162–166. doi: 10.1016/j.jad.2015.09.076.

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