mardi 12 janvier 2016

Les djihadistes, des adolescents sans sujet

Le Monde.fr

Dounia BOUZAR, Directrice du Centre de Prévention contre les dérives sectaires . Certains islamistes radicaux repentis sont revenus en France et livrent leur expérience au sein de ce régime qu'ils qualifient de nazi (BONNE PIOCHE).
Dounia BOUZAR, Directrice du Centre de Prévention contre les dérives sectaires . Certains islamistes radicaux repentis sont revenus en France et livrent leur expérience au sein de ce régime qu'ils qualifient de nazi (BONNE PIOCHE). BONNE PIOCHE Raymond Cahn
Le 24 novembre 2015 Olivier Roy a publié un article intitulé : « Le djihadisme est une révolte générationnelle et nihiliste », éclairant les différents aspects de son radicalisme absolu. Il se trouve que mes conclusions rejoignent les siennes dans un ouvrage à paraître (au chapitre intitulé « La dimension du négatif dans la subjectivation ») consacré essentiellement à l’étude psychanalytique de l’adolescence. J’y montre que la pathologie de bien des conduites chez le jeune d’aujourd’hui illustre caricaturalement les perturbations observées dans les premières relations mère-enfant, avec la dimension qu’elle comporte de l’attaque contre les autres mais plus encore contre soi-même révélant ainsi ses difficultés extrêmes, voire son incapacité à organiser ses tensions en conflits tolérables, à maintenir la cohésion du Moi.
Une pathologie jusqu’alors inconnue a surgi il y a quelques années concernant les seuls garçons et dont le côté inattendu et tragique a bouleversé le monde entier, d’autant qu’aucun éclairage, aucun repère habituel ne venait à notre secours pour l’expliquer. En dehors de l’explication par l’influence – effectivement assez considérable – des appareils électroniques et d’internet, il m’a semblé cependant qu’une hypothèse étiologique pouvait en être proposée à partir de la théorie psychanalytique qu’offre l’étude des premières relations.

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