dimanche 24 janvier 2016

Le cannabis, trois fois plus fort qu’il y a 20 ans

 25/01/2016


La faculté de Pharmacie de l’Université du Mississipi publie dans Biological Psychiatry les résultats des analyses de plus de 38 000 échantillons de cannabis saisis entre 1995 et 2014 par la DEA (Drug Enforcement Administration), l’agence fédérale américaine en charge de la lutte contre la drogue.
La majorité des échantillons correspondait à des saisies de cannabis (marijuana ou sinsemilla, 37 606 échantillons au total), le reste étant constitué de hashish (814) ou d’huile de hashish (261). La donnée majeure apportée par cette étude est la constante augmentation de la teneur en Δ9-tetrahydrocannabinol (Δ9-THC), passant de 4 % en 1995 à 12 % en 2014. La proportion des échantillons contenant plus de 12 % de Δ9-THC est passée de 0,64 % en 1995 à 41,22 % en 2014. Présent parmi d’autres cannabinoïdes, le Δ9-THC est considéré comme le principal responsable des effets psychotropes du produit.

La principale cause de cette augmentation provient de la proportion grandissante de sinsemilla dans les saisies de cannabis. Très rare dans les années 2000, la sinsemilla est aujourd’hui majoritaire. On appelle sinsemilla le plant femelle de cannabis qui n’a pas été pollinisé, contenant en moyenne 13,44 % de Δ9-THC pour les échantillons saisis.
Le cannabidiol est un autre composé cannabinoïde, qui pourrait avoir un intérêt pharmacologique, en particulier pour ses effets anti-épileptiques. La part de cannabidiol contenu dans les échantillons a grandement diminué durant les 20 dernières années, passant de 0,5 % à moins de 0,2 %.
Le haschich reste nettement plus concentré en Δ9-THC que le cannabis, avec une teneur de 21,78 % en moyenne sur les 20 dernières années.

Le risque de schizophrénie est associé à la teneur en Δ9-THC

Dans ce marché hautement compétitif, la recherche d’une teneur en Δ9-THC toujours plus forte est un argument de vente qui séduit toujours plus de consommateurs. Le Δ9-THC est directement associé au potentiel addictif du produit, mais est surtout responsable des effets néfastes du cannabis sur le développement cérébral à l’adolescence. Le risque accru de « transition » vers la schizophrénie est directement lié à la concentration en Δ9-THC. La France n’est bien entendu pas épargnée par cette évolution de la consommation. Selon l’OFDT (Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies), le taux de THC retrouvé dans le cannabis est en moyenne de 13 % en 2013 (contre 10 % en 2012 !).
Dr Alexandre Haroche
RÉFÉRENCES
ElSohly MA et coll. : Changes in cannabis potency over the last two decades (1995-2014) - Analysis of current data in the united states. Biological Psychiatry 2016; publication avancée en ligne le 19janvier. 

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