jeudi 28 janvier 2016

Handicap Une équipe belge lance des "microdéfis" aux personnes handicapées mentales pour améliorer leur santé

Maladies cardiovasculaires, hygiène bucco-dentaire, obésité... Symptomatiques d'une absence de promotion et de prévention adaptées et efficaces, les difficultés d'accès aux soins des personnes handicapées sont renforcées, chez les personnes souffrant de déficiences mentales, par un manque d'implication marqué dans la prise en charge de leur santé. Pour y remédier, des chercheurs belges se sont penchés sur le concept d'autodétermination. Venue tout droit de la psychoéducation, la notion trouve les biais nécessaires pour responsabiliser la personne et l'aider à poursuivre au quotidien des gestes contribuant à une meilleure santé. À l'image des microcrédits pour le secteur de l'économie, Robin Bastien et Marie-Claire Haelewyck, du service d'orthopédagogie clinique de l'université de Mons, et Claude Renard, de l'observatoire de la santé du Hainaut à Havré, se sont penchés dans cette optique sur l'impact des "microdéfis".

D'après les chercheurs, ce mode de fonctionnement qui allie aide des accompagnants et formation des personnels de services et établissements de handicap a l'avantage d'offrir la possibilité à la personne handicapée d'agir "volontairement en fonction de ses préférences, de ses choix et de ses champs d'intérêt au lieu d'être contrainte ou forcée d'agir d'une certaine façon par d'autres personnes ou circonstances", précisent les chercheurs dans une communication. Balayé de l'aspect coercitif de la promotion de la santé, telle qu'elle peut l'être appréhendée par une personne souffrant de déficiences intellectuelles, le fonctionnement en termes de microdéfis semble payer. Il est même jugé "profitable", à condition que l'accompagnant s'assure de sa faisabilité et évite ainsi un éventuel échec.

"L'instauration d'un microdéfi amène la personne à se projeter. [...] et à devenir acteur dans la gestion de sa santé, développant à son tour chez lui une motivation intrinsèque, reprennent-ils. Des progrès sont dès lors observables en très peu de temps". Ces progrès sont quant à eux évaluables grâce à l'échelle d'autodétermination des défis personnels (EADP), une grille élaborée spécifiquement par les chercheurs avec l'aide de douze services de handicap du Hainaut. Constitué de trente-neuf items, cet outil d'évaluation "donne du sens sur les raisons du maintien ou de l'abandon du comportement de santé" pour les chercheurs et permet ainsi aux accompagnants de s'interroger tant sur l'adéquation de leurs pratiques que sur les actions à mener, au regard notamment des biais d'interprétation mis en avant par la grille. Et de spécifier par ailleurs le "rôle important" que joue la direction dans le ralliement et la motivation des équipes professionnelles au sein d'un projet commun. Dans ce contexte, la recherche-action devrait faire l'objet d'une validation scientifique auprès d'un échantillon plus large*, et pourrait notamment se tourner vers d'autres types de population comme les personnes âgées ou en perte d'autonomie.
Agathe Moret 
* Pour l'heure, deux personnes ont testé ce système.
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