lundi 14 décembre 2015

Un deuxième avis médical en ligne pour 295 euros qui agite la Toile

14.12.2015

Solliciter, d’un clic, l’avis éclairé d’un expert médical moyennant 295 euros ? Et ce sous l’égide d’un conseil scientifique où figurent, entre autre, Pierre-Louis Druais, président du Collège de la Médecine générale, Didier Sicard, ancien président du Comité d’éthique, Laurent Degos, ancien patron de la HAS, ou encore Claude Rambaud, présidente d’une association de patients.

C’est ce que propose "Deuxième avis", nouvelle plateforme « pour éclairer vos décisions de santé ». Après plus de deux ans et demi d’élaboration et l’accord de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) obtenu, l’interface vient à peine d’être mise en ligne. Ce qui n’a pas échappé à nombre d’internautes qui, sur les réseaux sociaux, ce sont émus de cette initiative onéreuse pour ses utilisateurs.
A l’origine de Deuxième avisPauline D’Orgeval explique qu’ « au démarrage, on voulait être moins cher ». Mais entre la rémunération des experts contactés pour donner leur analyse sur une situation particulière, fixée à 120 euros, la sécurisation des données de santé hébergées par une société agréée par le Ministère de la santé, et l’organisation du site, l’obtention d’un second avis via cette nouvelle plateforme s’élève donc à près de 300 euros. Ce qui n’empêche pas la directrice générale de parler de pari, tablant sur « 10 000 consultations par an avant d’atteindre l’équilibre ». Consciente du frein que cette somme peut représenter, elle assure être « en train d’organiser la prise en charge du coût ». Quitte à offrir le service « quand on nous le demandera », poursuit Pauline d’Orgeval, confirmant une invitation faite aux internautes à contacter l’équipe « si le coût de ce service vous empêche de l’utiliser : nous ferons le maximum pour vous proposer des solutions ». Car l’objectif affiché par la directrice générale du site réside dans « la réduction de la difficulté d’accès à l’expertise médicale ». « Le sujet de l’accessibilité fait partie de notre ADN », souligne celle qui a créé, en 2010, Co Actis Santé, une association « œuvrant pour l’accès aux soins des personnes handicapées ».

Assurances et autres complémentaires santé: les pistes pour financer le service

Pauline D'Orgeval
Si le financement repose, actuellement, sur les patients, l’idée de Deuxième Avis repose surdes alliances avec des financeurs privés. Assureurs, mutuelles, complémentaires santé : telles sont les potentiels acteurs intéressés par ce système privé d’expertise médicale. « On a un partenariat avec une mutuelle et on est entrain d’en conclure un second », affirme Pauline d’Orgeval. Selon elle, les complémentaires seraient d’ailleurs « intéressées par ce service » car si d’autres sites proposent également d’obtenir un second avis, « ils sont beaucoup plus chers, il s’agit plus d’un carnet d’adresses ». Les associations de patientssont, à ses yeux, une autre piste pour nouer des partenariats. Et elle n’exclut pas la prise en charge de certains avis par des organismes de formation continue, l’avis confraternel d’un expert permettant à un médecin de parfaire ses connaissances sur un point particulier. « On est persuadé que ça procède du transfert d’expertise », plaide-t-elle. Hypothèse où le prix du second avis pourrait, précisément, être pris en compte par un tiers…

Un deuxième avis entièrement dématérialisé 

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Au-delà de la question financière, le site procède d’un principe assez simple : il permet aux patients et professionnels de santé de recueillir « un deuxième avis en ligne sous un délai compris entre 48 h et 7 jours » sur plus de 150 maladies, allant de l’épilepsie à l’hémochromatose, en passant la goutte. Entièrement dématérialisé, le processus débute par le choix d’un médecin parmi ceux experts de la maladie renseignée. « Pour l’instant, nous avons une centaine de spécialistes », détaille Pauline d’Orgeval. Chacun dispose d’une fiche où sont notamment indiqués ses compétences, domaines d’expertise, lieu d’exercice et montant d’honoraires… « Nous n’avons pas de parti-pris entre les hospitaliers et les libéraux », poursuit Pauline d’Orgeval, ajoutant ne pas faire davantage de distinction entre les professionnels de Paris ou de province. Après « le choix de l’expert », vient le moment de communiquer le dossier médical et les éventuelles analyses complémentaires déjà effectuées. « Tout est fait pour ne pas être en opposition avec le médecin traitant, ou celui du 1er avis », assure la directrice du site qui récuse, d’emblée, un éventuel court-circuitage, « on met les médecins dans la boucle ». Elle ajoute d’ailleurs avoir reçu un bon accueil des généralistes consultés lors de l’élaboration du projet. S’ils ont « un rôle d’orientateur, ils sont démunis quand il faut chercher un expert », poursuit-elle. 
A plusieurs reprises, l’équipe de Deuxième avis a consulté l’Ordre des médecins. « On a pris en compte leurs remarques », assure Pauline d’Orgeval citant, à l’appui, les modalités d’ouverture du processus de recrutement des médecins. Mais il semblerait que le bruit fait sur la toile amène l’Ordre à se pencher, de nouveau, sur ce projet. Interpellé, Jacques Lucas, délégué général du CNOM aux systèmes d’information en santé, n’a pas manqué de réagir.

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