lundi 7 décembre 2015

L'accompagnement du handicap psychique souffre, dans l'Aube, de professionnels trop peu disponibles

 - HOSPIMEDIA
Avec le concours de l'Unafam, le Creai Champagne-Ardenne a réalisé un diagnostic territorial sur les besoins d'accompagnement des personnes handicapées psychiques sur le département de l'Aube. Regards croisés à l'appui, le document atteste de la prégnance de nombreux freins et met en cause une politique trop générique.
"Le handicap psychique engendre toujours une souffrance, un isolement, une absence de demande, des difficultés d'adaptation et un manque de repères pour celui qui le subit". Issu d'un diagnostic territorial mené sur le département de l'Aube, ce constat a poussé le centre régional d'études, d'actions et d'informations en faveur des personnes en situation de vulnérabilité (Creai) et l'Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) Champagne-Ardenne à s'interroger sur l'acuité du parcours de l'usager sur le secteur. Usagers, aidants, professionnels et tutelles... tous sont venus alimenter la réflexion de leurs analyses... avec à la clé six fiches actions.

Les dispositifs existants pour l'accompagnement dans la cité sont-ils suffisants ? La coordination entre acteurs du sanitaire, social et médico-social est-elle opérante ? Trame de fond de l'étude, ces questions appellent à un constat sévère. Que ce soit au regard des réponses sociales et médico-sociales proposées — "insuffisantes" — ou du financement de la compensation à harmoniser dans le cadre de location de logements adaptés, "le contexte actuel de l'Aube ne permettrait de répondre que partiellement aux besoins" des personnes handicapées psychiques. Ces dernières, assure l'association, doivent fournir de nombreux efforts pour vivre dans la cité, les logements autonomes, sans accompagnement, ne garantissant pas une continuité de soins et une autonomie. Preuve de l'inadéquation de l'approche en la matière, même les autorités de tarification l'admettent : les troubles psychiques ne bénéficient en effet pas de réponses ciblées. Tel qu'abordé, "c'est un handicap parmi d'autres", concèdent-elles.

Des professionnels en attente d'éclairages

Dans ce contexte, sans surprise, les professionnels, "s'ils sont au clair sur la nécessité de proposer un ou plusieurs modes d'accompagnement, ont besoin d'un éclairage quant aux réponses à mettre en œuvre". Ces derniers évoquent sans tabou leur méconnaissance des troubles psychiques et soulignent être désarçonnés par l'évolution du type de public accompagné. Aussi plaident-ils pour un partenariat multisecteurs avec les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) et la psychiatrie pour l'insertion et le maintien dans le logement notamment. La démarche, précisent-ils, doit s'accompagner en priorité d'un travail sur le développement d'une offre de logement adapté, à mi-chemin entre le logement autonome et les institutions médico-sociales de type services de soins et d'accompagnement.

Pour les aidants, qui eux aussi regrettent le manque d'articulation entre acteurs, notamment après hospitalisation, c'est surtout l'accompagnement social à domicile qui doit être optimisé. Ce, par le biais des services d'accompagnement à la vie sociale (SAVS) ou des services d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés (Samsah). L'avis est partagé par les usagers qui voient, par le passage à domicile d'un professionnel de l'accompagnement social, un vecteur de bien-être. Et ces derniers d'évoquer unanimement leurs attentes auprès des professionnels, qu'ils jugent peu disponibles et à l'écoute. Une problématique actuellement à l'étude dans le projet de recherche-action Advocacy (lire ci-contre).

Des préconisations axées autour de six fiches actions

Les acteurs interrogés ont travaillé, sur la base des constats établis, à l'élaboration de propositions visant à assurer des réponses adaptées au plus près des besoins. Formalisées en six fiches actions, celles-ci s'articulent autour de deux axes, l'accompagnement et le soin ainsi que le logement. Ces fiches se déclinent comme suit :
  • élaborer une gamme de logements adaptés au public ;
  • harmoniser la location de logements adaptés et le financement du service d'aide pour accompagner les personnes vers et dans le logement ;
  • modifier l'approche du handicap psychique qu'ont les professionnels par l'information et la sensibilisation ;
  • former les professionnels aux spécificités des troubles psychiques ;
  • coordonner les parcours de soins des usagers ;
  • limiter le non-recours aux droits et services.
Agathe Moret 
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