jeudi 31 décembre 2015

Enquête pour harcèlement moral à la suite du suicide d’un médecin à Georges-Pompidou

Le Monde.fr avec AFP
L'hôpital Georges-Pompidou.
L'hôpital Georges-Pompidou. THOMAS SAMSON / AFP
Le parquet de Paris a ouvert, mercredi 30 décembre, une enquête préliminaire pour harcèlement moral après le suicide sur son lieu de travail d’un cardiologue de l’hôpital parisien Georges-Pompidou.
Cette enquête a été diligentée sur fond d’accusations de « luttes claniques » au sein de l’établissement, et d’un avertissement qui n’aurait pas été pris en compte sur la souffrance de ce médecin. Il s’était défenestré le 17 décembre en fin d’après-midi.

Un médecin « objectivement maltraité »

Après avoir porté plainte, sa veuve a été entendue mardi, a précisé une source proche de l’enquête. Les investigations ont été confiées à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la PJ parisienne. Dans une lettre rendue publique, un chef de service de psychiatrie, le Pr Bernard Granger, avait interpellé le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch.

Pour ce membre de la commission médicale d’établissement (CME), « la complexité d’un acte suicidaire sur le lieu de travail » ne doit pas être « un prétexte pour occulter la façon dont ce collègue a été objectivement maltraité ». Le Pr Granger faisait notamment état d’un mail envoyé par un confrère du cardiologue il y a plus d’un an et resté sans réponse. Selon lui, il mettait en garde contre le « risque suicidaire » de ce médecin.
Affirmant que la maltraitance venait « de ses pairs et de l’administration », il ajoutait : « Ces médecins et vos subordonnés auront des comptes à rendre. Vous aussi sans doute. »

« Luttes claniques »

« Le devoir du directeur général est de protéger ses personnels et, sauf à vous rendre complice de cette maltraitance, il vous appartient de prendre les décisions qui s’imposent pour préserver ceux qui se plaignent d’en être victimes », poursuivait-il, évoquant des « luttes claniques » au sein de l’hôpital Pompidou. La direction de l’AP-HP n’avait pas souhaité réagir à ce courrier.
Un CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) extraordinaire s’était tenu après le suicide du médecin, en présence de Martin Hirsch, qui avait annoncé « la saisine » de la commission d’analyse des suicides.

Le directeur général de l’AP-HP avait ensuite adressé un courrier au personnel leur annonçant, entre autres, le lancement d’une autre commission, composée de trois personnalités « extérieures à l’hôpital, pour procéder à une mise à plat des sujets conflictuels dans l’établissement, des problématiques mal résolues, de tous les éléments de contexte d’un hôpital qui a connu plusieurs crises au cours des dernières années ». Leur mission se déroulera en janvier et février.

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