mardi 27 octobre 2015

Plus de psychotropes pour les femmes, partout en Europe

 19/10/2015

Dans diverses études épidémiologiques, on constate que les femmes reçoivent des médicaments psychotropes plus fréquemment que les hommes. Issue d’une collaboration entre des équipes de plusieurs sites européens, une enquête internationale évalue ainsi le contenu des prescriptions chez 34 204 sujets résidant dans dix pays d’Europe (Allemagne, Belgique, Bulgarie, Espagne, France, Irlande du Nord, Italie, Pays-Bas, Portugal et Roumanie).

Premier enseignement de cette étude, la proportion de la population concernée par une prescription de médicaments psychotropes : le Portugal connaît la plus forte consommation (21,7 %), devançant la Belgique (17,2 %), la France (16,5 %), et l’Espagne (14,8 %). Même s’il existe quelques différences dans l’usage de psychotropes selon les pays et selon les catégories particulières de médicaments (antidépresseurs, anxiolytiques, antipsychotiques), les résultats confirment globalement, dans l’ensemble des pays étudiés, un usage « significativement plus élevé » de médicaments psychotropes (environ le double) chez les femmes que chez les hommes, dans les douze mois ayant précédé cette investigation : rapport de cotes = 2,04 ; intervalle de confiance à 95 % [1,81– 2,31].
Observée même dans les deux pays ex-communistes (Roumanie et Bulgarie) où la consommation de psychotropes est moins importante (respectivement 5 % et 2,1 %) qu’en Europe de l’Ouest (vraisemblablement pour des raisons économiques, liées aux difficultés de remboursement des dépenses pharmaceutiques), cette relation demeure significative après l’ajustement des données pour des facteurs d’ordre sociodémographique (âge, niveaux d’études et de revenus, statut professionnel, statut matrimonial) et relatifs au niveau de vie du pays considéré.
Cette recherche montre aussi que, de manière identique dans les deux sexes, la consommation de médicaments psychotropes augmente avec l’âge et avec le niveau de soins accordés à la santé mentale, mais de façon inversement proportionnelle au niveau de revenus. Les auteurs tirent une autre conclusion surprenante de leur étude : cette différence de consommation entre les femmes et les hommes ne s’explique pas par une particularité des indications thérapeutiques, mais elle se révèle « contingente aux spécificités des troubles psychiatriques » en question.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Boyd A et coll.: Gender differences in psychotropic use across Europe: results from a large cross-sectional, population-based study. European Psychiatry 2015 ; 30 : 778–788.

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