jeudi 29 octobre 2015

Après le génocide

29/10/2015

Le vingtième siècle connut hélas plusieurs crimes de masse, parmi lesquels ceux commis par le sinistre régime Khmer rouge au Cambodge entre 1975 et 1979, souvent qualifiés de génocide et ayant coûté la vie à près de 2 millions de personnes (environ un cinquième de la population cambodgienne de l’époque) [1].
Travaillant à l’Institut Nordique d’Études Asiatiques de Copenhague (Danemark), Inger Agger [2] évoque précisément, dans la revue Transcultural Psychiatry (éditée par la Division de Psychiatrie Sociale et Transculturelle de la McGill University, à Montréal, Canada) les conséquences lointaines de ces exactions à grande échelle : une quarantaine d’années plus tard, des survivants continuent toujours à souffrir de “symptômes mentaux douloureux.”
Et les études menées au Cambodge (en se référant aux catégories nosographiques utilisées dans la psychiatrie occidentale) indiquent la persistance d’une “forte prévalence de troubles de stress post-traumatique, de dépressions et d’anxiété dans la population.” On constate que les personnes concernées font “appel à des éléments du bouddhisme dans leurs efforts pour calmer leurs esprits”, bien qu’elles “luttent encore pour comprendre comment ces événements ont pu survenir.”
 L’auteur estime que la psychologie occidentale pourrait (après une nécessaire adaptation aux différents contextes) “avoir beaucoup à apprendre de ces méthodes locales pour faire face aux conséquences des traumatismes.” Mais même efficaces, ces techniques d’évaluation et de traitement du stress post-traumatique “ne peuvent pas être transposées d’un contexte culturel à un autre, et nécessitent une adaptation culturelle considérable.”
À l’instar des pratiques de “méditation pleine conscience” héritées de la philosophie bouddhiste, ce type d’échanges entre cultures d’Orient et d’Occident pourrait ainsi susciter des “méthodes hybrides innovantes, susceptibles d’avoir beaucoup à offrir dans le soutien aux victimes de la violence organisée.”
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Agger I : Calming the mind: healing after mass atrocity in Cambodia. Transcultural Psychiatry, 2015 ; 52(4) : 543–560.

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