vendredi 11 septembre 2015

Quels patients "décrochent" le plus volontiers ?

11/09/2015

Les structures délivrant des soins ambulatoires en psychiatrie sont confrontées de façon récurrente au problème de l’absentéisme de certains patients à leurs rendez-vous ou de l’abandon de la prise en charge par les intéressés. Plus généralement, rappelle Acta Psychiatrica Belgica, environ « 28 millions de consultations médicales » seraient chaque année « annulées ou "ratées"» en France, et les médecins "perdraient" ainsi en moyenne « 6 à 8 rendez-vous par semaine, soit 2 heures de consultations », à la suite de la défection inopinée de ces patients apparemment trop peu motivés pour entamer ou poursuivre une démarche thérapeutique.

Pour se cantonner à la seule psychiatrie, deux professionnels (une psychiatre et un psychologue) exerçant dans un service de santé mentale à Soumagne (Belgique) ont réalisé une enquête auprès de 41 consultants (un tiers d’hommes et deux-tiers de femmes, une répartition jugée  “classique pour ce genre de consultations”) à l’aide du questionnaire IPAH de Levenson. Cette échelle de locus de contrôle multidimensionnelle permet de préciser à quelle dimension principale un sujet tend plus volontiers à attribuer sa propre problématique : facteur interne (I) c’est-à-dire en lui-même, facteur externe lié à un tiers plus puissant que lui (pouvoir d’autrui, PA) ou hasard (H). Plusieurs éléments peuvent influer sur ce contrôle préférentiel : âge, sexe, éducation reçue, culture, biographie, pathologie psychiatrique... Par exemple, des études ayant évalué « les liens entre le profil de lieu de contrôle et le maintien d’un traitement médicamenteux dans la schizophrénie ou la poursuite d’un régime contre l’obésité » ont montré « une plus grande propension à arrêter le traitement ou le régime chez les sujets présentant un lieu de contrôle externe ».

Une tendance à abandonner lorsque le patient attribue sa problématique à un déterminant externe

Bien que l’effectif réduit de cette étude ne permette pas de tirer des conclusions de portée générale, les auteurs observent aussi une plus grande tendance à abandonner un suivi chez les sujets attribuant leur problématique à un déterminant externe (autrui ou hasard), comparativement à ceux avec un locus de contrôle interne. Cette enquête semble ainsi confirmer que « l’attribution de l’origine d’une maladie » (déterminisme interne, externe ou processus aléatoire) contribue à « altérer la perception (de cette affection) et l’engagement thérapeutique » du patient.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Stéphanie Adam et coll.: L’attribution et le lieu de contrôle en relation avec l’absentéisme et l’abandon dans un service de santé mentale. Acta Psychiatrica Belgica, 2015 ; 115 : 12–21.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire