mardi 15 septembre 2015

Psychiatrie : « Mettons-nous à la place de nos patients »

 |  PAR CÉCILIE CORDIER

Quarantenaire humaniste et infirmier en psychiatrie, Christophe plaide pour du soin sur mesure dans des institutions encore trop souvent rigides. Alors que la sécurité est régulièrement utilisée pour justifier des pratiques infantilisantes et des privations de liberté, il invite ses collègues à plus de souplesse dans le soin psychiatrique. Et il le fait de manière originale puisqu’il cherche le dialogue à travers des récits d’expérience, centrés sur les intérêts des patients et non sur des théories abstraites.
 « En tant qu’infirmier, je fais partie intégrante de l’hospitalisation du patient. Je suis responsable de la qualité du soin et de la relation que je crée. » Infirmier en psychiatrie depuis une quinzaine d’années, Christophe milite pour des services et hôpitaux à visage humain. Avec Il était une fois, en psychiatrie..., son Tumblr et sa page Facebook, il place le patient au centre de toute réflexion. « Chaque patient est unique, chaque situation est particulière et riche en émotions, explique-t-il. Il faut sortir de la psychiatrie qui traite tout le monde de la même façon. »
Aux arguments sécuritaires et juridiques, Christophe répond par une volonté d’humanisme et de souplesse dans les institutions psychiatriques. A un peu plus de 40 ans, fort de ses expériences dans différents services aux patients plus ou moins difficiles, il invite, grâce à des récits « romancés, dans lesquels j’ai mélangé les hôpitaux et les patients », tous ses « jeunes et moins jeunes collègues » à réfléchir aux protocoles et aux automatismes qui déshumanisent les services de psychiatrie.
« Humaniser ce lieu hostile »
Du bout de sa plume, avec une écriture agréable et fluide, il livre des histoires qui poussent à la réflexion, sans jamais donner de leçon. Chacun peut s’interroger. Le règlement qui exige de faire porter un pyjama vert aux patients, qui oblige à confisquer tout bijou, qui interdit de fumer la nuit même aux gros fumeurs, ne peut-il pas, parfois, bénéficier de quelques aménagements ? « Si le patient se sent agressé par des règles qui lui sont en plus inutiles, il ne voudra pas revenir. Il faut aller à sa rencontre et humaniser ce lieu hostile », plaide Christophe.

« Avec de la souplesse, on crée du lien et de la confiance, poursuit-il. Je suis convaincu qu’ainsi, il y aurait moins de rupture de soins, moins de conflits, moins de fugues et moins de contentions ! » En plein nouveau débat sur l’usage (abusif) de cette privation de liberté, Christophe rappelle qu’ « être attaché, ça rend fou » et qu’il vaut souvent mieux « prendre trente minutes pour parler avec un patient plutôt que l’attacher ». D’ailleurs, à quel moment la contention répond-elle à l’agitation ou, au contraire, la provoque-t-elle ?

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