mardi 1 septembre 2015

Guérilla sexiste en milieu urbain

BONDY BLOG AMBIANCE  1 SEPTEMBRE 2015 PAR MYRIAM BOUKHOBZA


Dans l’espace public, univers masculin, les gueules d’anges peuvent se transformer en démons et vous voler ce que vous avez de plus précieux, en toute impunité.

19 heures, Avenue Laumière, Paris 19e, la nuit vient à peine de tomber. Sur la longue avenue silencieuse, un trentenaire élancé, gueule d’ange, polo blanc et pantalon cintré, se dirige, le pas assuré, vers la bouche de métro. Ce bonhomme, à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession, a plus d’un tour dans son sac. Il manie à la perfection l’art de la perfidie. Le mâle fourbe, balançant tranquillement ses jambes courtes et sèches sur l’asphalte, se jette, tout à coup, sur une proie femelle et n’en fait qu’une bouchée. Ce soir-là, pas un chat. La femme, qui aura eu la malchance de le croiser, n’est réduite qu’à un corps à palper. En un quart de seconde, la douce et lente ballade de la jeune femme s’achève brutalement.


Elle se retrouve dans les bras du doux perfide, qui passe avec ardeur, ses mains rêches et abîmées sur son corps chevrotant. Le souffle court, consumé par son désir, il parcourt son corps et presse avec énergie ses seins, puis ses fesses, puis son ventre. La boucle est bouclée. Ce soir, l’ange a laissé son masque au vestiaire. Le démon s’est érigé en maître de cérémonie du spectacle de l’humiliation sexuelle sexiste. Sans même crier gare, ses mains tentaculaires ont colonisé son espace vital, sa chair, ses entrailles, sa dignité, son intégrité. Ce soir-là, ce corps est entré dans le domaine public. Ce soir-là, le trentenaire concupiscent a consommé puis s’en est allé. Comme on teste une cerise au marché du coin pour s’assurer de son goût sucré et acidulé. Comme on palpe une prune ou une nectarine chez le primeur un dimanche matin ensoleillé. La marchandise prête à l’emploi, le consommateur s’est donné les pleins pouvoirs de la goûter.


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