mardi 29 septembre 2015

Donnez vos lapsus : ils intéressent la science

Nic Ulmi 19 septembre 2015 


(Getty Images/Purestock)
Une banque de données accueille les fourchements de la langue. Ceux-ci ne révèlent pas seulement des désirs cachés, mais également les structures du langage
Tout le monde n’est pas Nicolas Sarkozy. Il n’est pas donné à n’importe qui de s’envoler, comme lui, dans la stratosphère du pataquès en proclamant, le 5 septembre 2015, devant les Républicains des Pays de la Loire réunis à La Baule en université d’été, que «la France, de toute éternité, a toujours été du côté des opprimés et toujours été du côté des dictateurs». Loin de cette bourde majestueuse, le citoyen lambda se contente, lui, de proférer des lapsus ordinaires: il dit tare pour barre, il annonce qu’il va à la buanderie pour «lécher le singe» ou à la cuisine pour «tresser un jus de prisson».
Mais qu’importe. Nos modestes bévues verbales intéressent la science. A l’Université du Kansas, le psychologue Michael S. Vitevitch et son équipe viennent de créer un outil en ligne pour recueillir les fourchements de nos langues et les mettre à la disposition de quiconque veut les étudier. Présentée dans un article publié fin août dans la revue Frontiers in Psychology, la banque de données s’appelle SpEDi, acronyme de Speech Error Diary, ou «Journal des erreurs d’élocution». On s’inscrit, on livre les lapsus qu’on entend ou qu’on commet, on télécharge ceux des autres (essentiellement en anglais, un équivalent francophone n’existe pas) et on finit par se demander à quoi ça sert.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire