vendredi 31 juillet 2015

Quelle image de la psychiatrie dans les facultés de médecine ?

24/07/2015


On sait que la profession de psychiatre n’attire plus beaucoup les étudiant(e)s, et ce constat vaut pour plusieurs pays. Au Royaume-Uni par exemple (où la pénurie de psychiatres est décrite comme une « crise »), moins d’un étudiant en médecine sur vingt indique avoir l’intention de se spécialiser en psychiatrie. Les facteurs expliquant cette médiocre attractivité sont notamment la perception du «mauvais pronostic des maladies mentales » (20 % des raisons alléguées) et la « faible base scientifique de la psychiatrie » (18 %). Menée auprès de 15 facultés de médecine (en Europe et en Asie)[1], une étude a donc cherché à préciser l’image de la psychiatrie et des psychiatres auprès d’enseignants dans ces facultés (n=1 057).

Ayant reçu en moyenne 65 % de réponses à leur enquête, les auteurs constatent que 90 % de ces participants « considèrent que les psychiatres ne constituent pas de bons modèles pour les étudiants en médecine. » Les patients ne trouvent pas davantage grâce à leurs yeux, puisque 84 % de ces personnes interrogées pensent que « les malades mentaux ne peuvent pas être correctement traités hors des établissements spécialisés » (ce qui contribue à  caricaturer le rôle des psychiatres libéraux en dénigrant injustement les prises en charge ambulatoires) et 73 % estiment que le contact avec ces patients se révèle particulièrement « éprouvant. »
Il existe bien sûr des nuances dans ce tableau selon le pays, le sexe, l’âge, etc. Mais globalement, les résultats de cette enquête internationale confirment la désaffection présente pour la psychiatrie et permettent de comprendre « pourquoi le recrutement dans cette spécialité s’avère si problématique » actuellement.
Pour renverser la vapeur, les auteurs proposent donc d’accorder une plus grande attention à « l’amélioration de la perception des psychiatres » chez leurs confrères, ainsi qu’à la reconnaissance de « l’efficacité des traitements psychiatriques », parfois méconnus ou critiqués. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les idées reçues sur la profession s’enracinent souvent avant même le début des études médicales : les médias ont un rôle à jouer en s’efforçant de convaincre le public (où se recrutent aussi les futurs médecins) que « les malades mentaux sont généralement non violents et que leur maladie peut être traitée. »  
[1] Biélorussie, Chine, Croatie, Inde, Indonésie, Iran, Japon, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Singapour, Thaïlande, Turquie, Ukraine.
Dr Alain Cohen

RÉFÉRENCE
Stuart H et coll. : Images of psychiatry and psychiatrists. Acta Psychiatr Scand 2015 ; 131 : 21–28.

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