dimanche 28 juin 2015

Un peu de safran contre la dépression

 09/06/2015
Si vous souhaitez investir hors des sentiers battus, la culture du safran peut se révéler très rémunératrice, puisque cette épice constitue un produit « deux fois plus cher que l’or[1]. » Outre son rôle culinaire et son intérêt économique, le safran (obtenu par déshydratation des stigmates du Crocus sativus) pourrait avoir une place… comme « traitement d’appoint contre la dépression majeure », selon une étude réalisée à l’Université de Mashhad (Iran).

Certes, il faut tenir compte du contexte : l’Iran est un grand producteur de safran, lequel serait même ici « le meilleur du monde » ; l’étymologie du mot « safran » viendrait d’ailleurs (via le latin safranum) du persan zarparan (signifiant « or-plume », par allusion à la légèreté des stigmates de la fleur) et, dans la médecine traditionnelle iranienne, le safran passait déjà pour avoir les vertus d’un antidépresseur[2]. Mais l’étude en question semble confirmer cet usage coutumier du safran, et plus précisément de la crocine, (un caroténoïde, principal « composant actif » du safran).

Portant sur 40 patients avec une dépression majeure (âgés de 24 à 50 ans) répartis en deux groupes (selon les protocoles habituels des études randomisées : 20 sujets sous crocine, et 20 sujets sous placebo), cette étude évalue l’intérêt de la crocine (15 mg, deux fois par jour) en complément du traitement antidépresseur éprouvé (un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine). Dans le groupe recevant un supplément de crocine, on constate « une amélioration aux échelles d’évaluation de l’anxiété, de la dépression et de l’état général », comparativement au groupe placebo (p < 0,0001). Cette amélioration se traduit par une baisse de 12 à 18 % aux scores de ces différentes échelles.
Mais les auteurs indiquent eux-mêmes plusieurs limitations pouvant relativiser la portée de leur étude : médiocre observance des patients aux traitements prescrits, courte durée de l’essai (un mois), faible effectif de cette population et auto-évaluation de son état. Néanmoins, vu aussi « l’absence d’effets indésirables », on peut considérer la crocine, « à effet anti-oxydant », comme un « adjuvant efficace du traitement antidépresseur. » Cette perspective s’inscrit d’ailleurs dans une conception générale (développée notamment en Nouvelle-Zélande par l’équipe de Julia Rucklidge) pour promouvoir en médecine certains « alicaments » (aliments-médicaments).

Dr Alain Cohen

RÉFÉRENCE
Ali Talaei & coll.: Crocin, the main active saffron constituent, as an adjunctive treatment in major depressive disorder: a randomized, double-blind, placebo-controlled, pilot clinical trial. J Affective Disord, 2015 ; 174 : 51–56.

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