mardi 16 juin 2015

"Désir d'enfant" prend la mère


Ana Casas Broda, «El Baño III», 2011.
Ana Casas Broda, «El Baño III», 2011. (Photo Ana Casas Broda)

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Consacrée cette année à l’Amérique latine, la 18e édition du festival madrilène accueille 70 expos. Sélection au féminin de trois artistes qui relatent en images les sinuosités de leurs parcours.

 ANA CASAS BRODA, MÈRE AGITÉE

A toutes celles (et ceux) qui voudraient préserver une vision angélique de la procréation, Ana Casas Broda apporte un témoignage pour le moins ambigu. Durant plus de sept ans, l’artiste a porté (comme on le dirait d’une grossesse) le projet «Kinderwunsch» («désir d’enfant», en allemand) dans lequel, exposition et livre confondus, elle déballe tout, textes et images mêlés. «Insomnie. Mon corps est tendu, mon esprit se perd en pensées, incapable de s’en libérer. Je me réveille toutes les heures. Vieille chair dans le miroir. Seuls mes enfants me rattachent au présent.» Le contexte familial n’est pas simple : la dépression et la mort rôdent. L’enfantement non plus qui, entre autres, décrit par le menu le«cauchemar» d’une insémination artificielle.

Et les photos ? Seins flasques, chair distendue, tétée douloureuse en gros plan, le bonheur (?) a un prix que les images du quotidien rendent élevé. Chez Ana Casas Broda (par ailleurs commissaire inspirée de l’expo sur le Mexique), même les moments censément tendres et complices (le bain, les jeux) expriment plus le doute que la plénitude : du confinement des deux enfants dans l’appartement sourd un climat équivoque, seul le centre étant en général très (trop) éclairé, tandis que le cadre domestique demeure plongé dans une noirceur à la connotation maléfique. Et si, à l’inverse, l’image paternelle brille, ça n’est que par son absence.
Circulo de bellas artes. Jusqu’au 30 août. 3 €.

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