Un fossé sépare la docile Blanche-Neige de la fougueuse Merida. Et on peut dire merci à Pixar pour la prise d'indépendance des personnages principaux féminins.
Riley, l'héroïne de Vice Versa, le film Pixar sorti la semaine dernière, fait du hockey, a un caractère bien trempé et ne colle pas aux aspirations traditionnelles de l'ado de cinéma. «Pixar est le studio le plus moderne, il renouvelle vraiment le genre. Il va plus loin dans la recherche et fait des films plus variés», affirme Pierre Lambert, spécialiste du cinéma d'animation. Et son audace a déteint sur les œuvres de Disney, qui a acquis Pixar en 2006. En témoigne l'évolution de ses héroïnes, passées de nunuches bonnes à marier à des rebelles indépendantes. Ou comment Pixar a mis un coup d'accélérateur à un processus timidement enclenché dans les années 90.
1937-1959 : CORVÉES ET PRINCE CHARMANT
Etre princesse à cette époque n’était ni franchement passionnant, ni franchement compliqué. «Si on résume, les personnages Disney faisaient le ménage», lâche Pierre Lambert. Blanche-Neige (1937) n’a ainsi rien trouvé de mieux que de briquer la maison des nains du sol au plafond pour se faire accepter. Cendrillon (1950) devait se fader le shampouinage des rideaux, tapis et tapisseries pour satisfaire aux exigences de sa délicate marâtre. Aurore, de la Belle au bois dormant (1959), a eu un peu plus de chance en évitant moult corvées grâce à une sieste de cent ans.
Fort heureusement, toutes avaient de l’ambition. Celle de trouver un bel homme, tant qu’à faire riche et fort, pour les sauver de leurs médiocres destins. Parce qu’après tout, sans homme point de salut. Et grâce au physique de rêve de ces grandes perches aux cheveux soyeux (lisses, bien sûr) et à la taille fine, l’entreprise ne s’avérait pas très compliquée (on ne leur demandait pas, en sus, d'avoir de la discussion).
A cette époque, «les héroïnes étaient sans intérêt. Elles étaient des personnages importants, mais leurs personnalités n’étaient pas développées, elles étaient assez neutres. Elles subissaient plutôt les événements», analyse Pierre Lambert.
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