C’est le sentiment le plus communément partagé, celui qui s’énonce et s’entend avec la plus forte évidence – on ne discute pas les motifs, on ne raisonne pas celui qui affirme être amoureux – et pourtant, quelle mystérieuse alchimie, quelle énigmatique surrection, quel élan paradoxal qui ne présuppose pas même la réciprocité pour imposer ses perspectives inouïes et, comme disait Breton dans L’Amour fou, « son cortège de clartés ». C’est sans doute pourquoi, de Platon à Badiou ou Comte-Sponville, les philosophes n’ont cessé d’interroger le sentiment amoureux, trouvant d’ailleurs le plus souvent en eux-mêmes la matière de leurs réflexions. Et c’est Nietzsche qui définit le mieux la nature singulière et remarquable de ce sentiment, qu’il nomme sans ambages « sensation sexuelle », et qui aurait – je cite – « ceci de commun avec les sensations de pitié ou d’adoration que grâce à elles, un être humain fait du bien à un autre tout en éprouvant du plaisir – on ne rencontre pas si souvent dans la nature dispositions aussi bienveillantes ! », ajoute-t-il.
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