jeudi 14 mai 2015

DOA «J’ai testé toutes les armes citées dans mon roman»

ALEXANDRA SCHWARTZBROD 

Il écrit sec, court, percutant. Des phrases truffées de jargon militaire et d’argot de barbouze mais empreintes aussi d’une poésie sans affect. DOA est une des valeurs montantes du roman noir français, un drôle de type qui refuse de montrer son visage et de donner son nom, «pour avoir la paix et rester à distance de mes livres», dit-il, préférant se cacher derrière l’acronyme de «dead on arrival», mort à l’arrivée, un sigle américain de médecine légale désignant celui qui meurt durant le transport ambulancier.
Ce natif de Lyon ne montre rien (tout juste sait-on qu’il a un temps créé des jeux vidéos à Londres) mais il envoie le son. Son dernier roman, Pukhtu, est un véritable phénomène littéraire, une plongée vertigineuse dans le monde de la guerre. Un monde bouillonnant et glaçant, où s’entrecroisent honneur, cupidité, peur, courage, lâcheté, trahison, pétage de plombs. On est baladé durant 700 pages entre Afghanistan et zones tribales du Pakistan, sept ans après le 11 septembre 2001. Là, on croise des militaires américains traquant les têtes pensantes d’Al-Qaeda, des chefs pachtouns transformés en monstres sanguinaires, des paramilitaires obsédés par le fric et la drogue, des espions schizophrènes, des femmes victimes, des journalistes en quête de vérité. Et des Afghans épuisés par tant de folie. La série américaineHomeland, à côté, c’est «Oui-Oui au pays du pavot».

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