Il n’est pas impossible qu’il aurait pu en faire un essai, comme un "roman" autour de son propre cas, dont les péripéties habiles reviendraient sur les conséquences de son mal sur ses perceptions, sur le fonctionnement de son vieil ami, le cerveau. Il le fit en évoquant dès ses premiers écrits ses propres souffrances : dans "Migraines", paru en 1970, il était le patient 75, le sujet atteint depuis l’enfance de violentes migraines ophtalmiques. Dans "Sur une jambe", publié quatorze ans plus tard, il analyse, décortique les répercussions cérébrales d’un accident dont il fut la victime, lorsqu’il fut percuté par un taureau. C’est encore sa propre vision qu’il partage dans "L’œil de l’esprit", il y a trois ans, qui revient sur le mélanome oculaire, qui lui fut diagnostiqué en 2006. Il évoque les inimaginables capacités de régénération de l’homme, décrit les traitements par laser qu’il a dû subir et toutes les perceptions tronquées qui le plongent dans une autre existence. «Je me regarde dans une glace, vois des tâches sur mes vêtements et tente de les brosser, puis je finis par m’apercevoir que c’est la surface même de cette glace qui est tâchée. Une confusion similaire m’a fait croire en février qu’il neigeait dans ma cuisine, car ce qui se trouvait "à l’extérieur" de la fenêtre ne m’avait pas paru plus éloigné que " l’intérieur" de la pièce » se souvenait-il.
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